Sahel : « Les talibans sont un modèle de patience pour Al-Qaïda »

Alors qu’Iyad Ag Ghali a salué la prise du pouvoir des talibans en Afghanistan, quel impact ce retour aura-t-il sur les groupes jihadistes au Sahel ? Eléments de réponse avec le spécialiste Adib Bencherif.

Des soldats de l’opération Barkhane, engagés dans la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel depuis 2014 © Philippe de Poulpiquet/MAX PPP

Des soldats de l’opération Barkhane, engagés dans la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel depuis 2014 © Philippe de Poulpiquet/MAX PPP

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Publié le 19 août 2021 Lecture : 5 minutes.

Les deux zones ont beau être séparées par plusieurs milliers de kilomètres, le récent retour en force des talibans en Afghanistan est observé de près en Afrique du Nord et au Sahel. C’est que, en théorie du moins, leur leader Haibatullah Akhundzadala est lié à la coalition Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM) d’Iyad Ag Ghali, affiliée à Al-Qaïda. Et que la stratégie de gouvernance des talibans, y compris du point de vue des relations – normalisées ? – avec les États voisins, pourrait offrir un modèle aux groupes jihadistes au Sahel.

Professeur adjoint à l’École de politique appliquée de l’université de Sherbrooke (Canada), chercheur associé au Sahel Research Group de l’Université de Floride et à la Chaire Unesco en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violents, auteur de récents travaux sur le « jihad glocal » (« global » et « local ») en Afrique du Nord et au Sahel dans la revue Critical Studies on Terrorism, Adib Bencherif fait le point pour JA.

Jeune Afrique : Comment les groupes jihadistes au Sahel perçoivent-ils le retour des talibans en Afghanistan ? 

Adib Bencherif : Iyad Ag Ghali, le leader de la coalition JNIM, affiliée à Al-Qaïda, a communiqué à ce sujet au début du mois d’août pour féliciter « l’Émirat islamique d’Afghanistan » (soit les talibans) après le retrait des forces américaines et de leurs alliés. Les talibans constituent vraisemblablement des modèles de patience et de réussite dans l’imaginaire du leadership et des membres du JNIM.

Il ne faut pas confondre Al-Qaïda avec les talibans mais ils entretiennent des liens étroits. Certains de leurs cadres et de leurs chefs servent de courroie de transmission entre les deux groupes. De plus, et c’est ce qui rend leur relation complexe, le leader d’Al-Qaïda Al-Zawahiri a prêté allégeance au chef taliban Haibatullah Akhundzada en 2016, tout comme Iyad Ag Ghali lors de la création du JNIM, en 2017.

Les États-Unis ont négocié avec les talibans mais la France refuse de considérer cette option au Sahel

Quant à l’État islamique, il est en guerre ouverte contre les talibans, qu’il considère comme « apostats » du fait de leurs négociations avec les États-Unis à Doha. L’EIGS (État islamique dans le Grand Sahara) ne communiquera donc probablement pas pour féliciter le groupe afghan. C’est davantage une victoire de prestige pour les groupes affiliés à Al-Qaïda.

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Peut-on s’attendre au même type d’évolutions au Sahel avec le retrait – relatif – de la France ?

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