Cameroun : Jean de Dieu Momo, truculent ministre de Paul Biya et opposant repenti
Ministre délégué à la Justice depuis janvier 2019, il ne craint ni de fâcher ni de déplaire. Portrait d’un homme qui a fait de l’outrance son fonds de commerce et du revirement, le moteur de sa trajectoire en politique.
« Pas lui ! » Beaucoup ont été surpris d’apprendre que Jeune Afrique s’intéressait à Jean de Dieu Momo, ministre camerounais délégué à la Justice. Ex-pourfendeur du régime de Paul Biya, il est surtout connu pour ses vidéos, souvent virales, dans lesquelles il se livre sans filtre ni retenue. Dans l’une d’elles, il s’émerveille d’être membre du gouvernement, se félicitant de s’être « repenti ». Dans une autre, il disserte sur l’art de déguster le Nkuii, un plat typique de l’ouest du pays.
« Ministre du peuple » pour les uns, « politicard canaille » pour les autres, Jean de Dieu Momo se sait clivant. Alors, d’entrée de jeu, il tente de créer une connivence avec son interlocuteur, comme pour donner tort à ses détracteurs. Jovial, il déroule méthodiquement son histoire : une enfance heureuse dans une fratrie de 56 enfants dont il est l’aîné ; la détermination de son père, artisan tailleur, à les envoyer tous à l’école – même si les filles sont encouragées à se marier dès que possible ; ses pérégrinations de l’université aux prétoires, jusqu’à l’affaire des neuf disparus de Bépanda, qui le révèle aux Camerounais.
Nous sommes à la fin des années 1990. Le Cameroun connaît une période de grande insécurité. Pour rétablir l’ordre, le gouvernement crée le Commandement opérationnel, une unité composée de policiers, de militaires et de gendarmes, qui s’illustrera par sa brutalité et ses exactions. Le 23 janvier 2001, neuf personnes sont interpellées dans le cadre d’une enquête pour vol. Elles ne réapparaîtront jamais, probablement exécutées.
Frondeur
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