Mea-culpa au sommet

L’État reconnaît sa responsabilité dans la déportation des Négro-Africains après 1989.

Publié le 9 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Dans l’ensemble de la classe politique mauritanienne comme dans les rangs des associations de défense des droits de l’homme, le discours prononcé, le 29 juin, par le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, a été très apprécié. Une petite performance, quand on connaît la sensibilité du sujet abordé… Dans une allocution télévisée, le successeur du colonel Ely Ould Mohamed Vall a, en effet, évoqué le retour au pays des milliers de Négro-Mauritaniens déportés au Sénégal et au Mali à la fin des années 1980 par le régime de Maaouiya Ould Taya, qui les considérait comme une menace pour son autorité.
En reconnaissant la responsabilité de l’État dans ce drame – un geste que ses deux prédécesseurs n’ont jamais fait -, le locataire du Palais Ocre a créé la surprise. En exprimant, « au nom de la République », sa « compassion à toutes les victimes de ces sombres années » et en s’engageant solennellement à favoriser le retour de tous les réfugiés dans les plus brefs délais, il a dépassé les espoirs de ces derniers. D’autant plus qu’il a précisé que les autorités prendraient leurs responsabilités pour réparer les souffrances qu’elles ont infligées…
En clair : les pièces d’état civil pourraient être rendues, des indemnisations accordées, et les terres et maisons spoliées restituées. Quant aux fonctionnaires, ils pourraient retrouver les postes qu’ils occupaient avant d’être chassés. Encore à l’étude, toutes ces mesures nécessitent bien sûr d’être formalisées dans un programme de réinsertion, auquel le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), et d’autres partenaires étrangers pourraient apporter leur appui, selon le président.
Unanimement saluée par la mouvance politique négro-mauritanienne en exil, qui y retrouve ses principales revendications, l’initiative a, également, été bien accueillie par les grands partis nationaux de l’opposition. En fait, seuls des groupuscules nationalistes arabes seraient hostiles à la démarche du chef de l’État. Ils lui reprocheraient, notamment, de ne pas avoir évoqué le sort des milliers de citoyens mauritaniens expulsés du Sénégal à la même époque.

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