Laurent Dona Fologo

Président du Conseil économique et social de Côte d’Ivoire

Publié le 9 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.

C’est avec un plaisir à peine dissimulé que Laurent Dona Fologo retrouve des journalistes. Il se sent au milieu des siens. Avec Béchir Ben Yahmed, « mon aîné dans la profession », « le pionnier de la presse africaine », à qui il est venu « rendre une visite de courtoisie », le 26 juin dans les locaux de Jeune Afrique. Comme avec ses cadets. En dépit de ses fonctions politiques, il sait rester un confrère. Et se prêter au libre exercice du Livre d’or pour souhaiter « un succès continu à ce groupe de presse qui fait honneur à notre continent ». Il l’a déjà dit, notamment en 1994, 1995 et 1997. Mais, cette fois, sa signature est précédée de : « ancien journaliste, ancien ministre, président du Conseil économique et social de Côte d’Ivoire ». Il n’oublie jamais ses premières amours.

Ses coups de gueule contre la presse de son pays – le dernier en date fustigeant le Nouveau Réveil, proche du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, le PDCI, dont l’un des articles l’a particulièrement indigné – ne sont que des piqûres de rappel au professionnalisme. Au respect de la déontologie et de la vie privée. « Sur la vingtaine de quotidiens ivoiriens, assène Fologo, il n’y en a que trois ou quatre qui tiennent la route. Les autres ne peuvent vivre de leurs recettes. Ils ne subsistent que grâce aux prébendes. » La provocation des manchettes le scandalise, et la crise n’a rien arrangé.
C’est une circonstance atténuante, pas une excuse, pour celui qui fut douze ans durant ministre de l’Information après avoir lancé et dirigé le quotidien Fraternité Matin. « J’ai toujours revendiqué ma qualité de journaliste du pouvoir. Mais j’ai toujours veillé au respect de la morale professionnelle, au caractère sacré des faits. » À croire que LDF, comme l’appellent ses amis, regrette parfois de ne plus prendre la plume. Comme il refuse de se résigner à voir dilapider l’héritage du président Félix Houphouët-Boigny : la conviction que « la guerre arrive brutalement et part très lentement » ainsi que la culture de la paix. La préservation de celle-ci est, à l’entendre, son ressort à lui. Celui sans doute qui lui a souvent permis de rebondir, de toujours retomber sur ses pieds.
Car, à 67 ans, Fologo a survécu à tout, ou presque. À la bousculade dans l’entourage du « Vieux » et à la politique du placard de celui-ci. Aux tentatives supposées ou réelles de l’ex-chef de l’État, Henri Konan Bédié, de le marginaliser au sein du PDCI. Au putsch de décembre 1999 du général Robert Gueï. Aux rigueurs d’une vie d’opposant dans un pays dirigé par une junte militaire – fût-elle de courte durée. À l’avènement de la « refondation » avec l’arrivée au pouvoir, en octobre 2000, de Laurent Gbagbo et de son Front populaire ivoirien (FPI). À la gestion tumultueuse d’un PDCI orphelin de son chef débarqué du pouvoir, contraint à l’exil à Paris et à qui opposera une âpre bataille de leadership, qu’il perdra. À la tentative de coup d’État du 19 septembre 2002 qui a dégénéré en crise politico-militaire, dont on aperçoit à peine aujourd’hui une issue prometteuse dans laquelle il n’aura pas été pour rien. Par respect pour la légalité.

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Les premières négociations avec les rebelles engagées dès octobre 2002, c’est lui, alors qu’il venait d’être porté un an plus tôt par Gbagbo à la tête du Conseil économique et social. L’entretien entre Abidjan et Paris, c’est, avec d’autres, bien sûr, encore lui. Lui également qui a entrepris, en 2003, de faire le déplacement de Ouagadougou pour essayer de rétablir le dialogue entre les présidents Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo. LDF a des ressources. Dont l’entregent et la spontanéité du contact ne sont pas les moindres.
Il a collectionné les postes et les mandats. A été député, ministre pendant une vingtaine d’années, secrétaire général puis président intérimaire du PDCI, avant d’hériter d’une institution de la République, la première qu’il ait jamais dirigée malgré sa longue carrière politique. Laquelle, si on l’en croit, n’est pas près de s’arrêter. Laurent Dona Fologo n’exclut pas de faire du Rassemblement pour la paix (RPP, proche de la mouvance présidentielle), qu’il a lancé en avril 2003, une formation politique également dénommée RPP, le Rassemblement pour le progrès. Car lui, le Sénoufo de Sinémentiali (dans le nord du pays), n’entend pas s’arrêter de sitôt.

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