La SEEG dans le rouge
Pluviosité insuffisante et flambée du prix du gasoil, la Société d’énergie et d’eau du Gabon accuse un déficit de 4 milliards de F CFA en 2006.
Les actionnaires avaient beau s’y attendre, l’annonce a fait l’effet d’une douche froide. Le 29 juin, lors de l’assemblée générale annuelle, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) a annoncé avoir réalisé un résultat net négatif en 2006. Conséquence : il n’y aura pas de versement de dividende pour les actionnaires de la SEEG cette année. Les pertes se chiffrent à 4 milliards de F CFA (6 millions d’euros), alors que le chiffre d’affaires a augmenté de 9 % par rapport à 2005, passant de 93 milliards à 101 milliards de F CFA. Cette augmentation concerne aussi bien les ventes d’électricité que d’eau.
Pour le dixième anniversaire de sa mise en concession, la SEEG va donc devoir opter pour la rigueur, d’autant que le plus dur reste à venir. En effet, le PDG François Ombanda a expliqué à ses actionnaires que ces résultats négatifs étaient imputables à deux paramètres externes. Tout d’abord, les conditions climatiques très défavorables survenues à la fin de 2006 et au début de 2007 ont contraint la SEEG à procéder à des délestages, puis à la location et à l’acheminement en urgence de groupes électrogènes d’une puissance de 30 MW pour assurer la continuité de l’alimentation en électricité de Libreville. Parallèlement, en mars dernier, l’entreprise a subi de plein fouet l’augmentation du prix du gasoil (+ 25 %), alors que sa production d’électricité dépend étroitement de centrales thermiques, fortement sollicitées du fait des mauvaises performances des générateurs hydroélectriques. Bref, la filiale de Veolia Water AMI (Afrique/Moyen-Orient/Inde) traverse une mauvaise passe. Son déficit devrait encore s’aggraver en 2007 : à la moitié de l’exercice, certains estiment que les pertes pour l’année en cours pourraient atteindre 18 milliards de F CFA.
La compagnie a de plus en plus de mal à régler ses fournisseurs. Et au-delà des tensions de trésorerie, la situation que traverse actuellement la SEEG menace non seulement son équilibre financier, mais aussi sa pérennité. À tel point que le conseil d’administration a souhaité placer la société sous administration judiciaire. Un choix difficile pour une entreprise souvent citée comme un exemple de réussite dans le processus de privatisations, parfois cahoteux, qu’a connu le pays au cours des dix dernières années.
Cette situation délicate n’empêche pas la SEEG de poursuivre ses investissements. Ainsi, la centrale à fuel d’Owendo, située à la périphérie de la capitale, va être alimentée en gaz, ce qui va permettre de réduire les coûts de production. Un contrat d’achat de gaz naturel sur dix ans a été signé entre la SEEG et le français Perenco, basé à Port-Gentil, pour la fourniture de 100 millions de m3 de gaz par an. Extrait dans les champs pétrolifères de Nganga et d’Ozangué, dans le sud du pays, le combustible sera acheminé par pipeline jusqu’à Libreville via Port-Gentil sur une distance de quelque 600 kilomètres.
Malgré ses mésaventures gabonaises, Veolia Water AMI maintient son intérêt pour le continent africain. Déjà actif au Maroc, au Niger ou au Burkina, le groupe est actuellement candidat au rachat de la Société nationale des eaux du Cameroun et compte bien participer aux appels d’offres à venir. Dans la ligne de mire, la Central Water Authority (CWA) de Maurice en 2008, et la Jirama, la compagnie nationale d’eau et électricité de Madagascar, en 2009.
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