L’Afrique « in » et « off » ?

Jusqu’au 28 juillet, le grand rendez-vous artistique de l’ancienne cité des Papes se tourne résolument vers le continent : de nombreux spectacles africains figurent au programme – aussi bien officiel que parallèle.

Publié le 9 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Cette année, le Festival d’Avignon prend des couleurs. Dans la programmation du « in », qui compte une quarantaine de spectacles, on trouve notamment deux pépites noires, qui viennent chacune d’une des rives du fleuve Congo. La première, c’est Faustin Linyekula, 33 ans, danseur et chorégraphe qui vit et travaille à Kisangani, dans le nord de la République démocratique du Congo. D’abord comédien, il interrompt ses études à cause de la guerre et part au Kenya, où il est à l’origine, avec les danseurs Opiyo Okach et Afrah Tenambergen, de la première compagnie de danse contemporaine, en 1997.

Après une vie itinérante entre la France, l’Afrique du Sud, la Réunion et la Slovénie, il retourne à Kinshasa en 2001, où il met sur pied une structure pour la danse et le théâtre visuel : les Studios Kabako. Il y crée ses propres pièces, avant de revenir dans sa ville natale. Ses créations sont marquées par le va-et-vient entre son histoire personnelle et l’histoire collective et font appel à la danse, au théâtre, à la musique et à la vidéo. Linyekula présente deux pièces à Avignon – Dinozord : The Dialogue Series III, qui évoque son retour à Kisangani, et Le Festival des mensonges. De cette dernière, il dit : « J’aimerais simplement inviter les spectateurs à entendre des histoires, des petites histoires du quotidien, mais aussi la grande histoire d’un pays sans cesse réécrite au fil des noms (RDC, ex-Zaïre, ex-Congo belge, ex-État indépendant du Congo…) et des règnes. Je suis avant tout un raconteur d’histoires », explique le chorégraphe.
C’est de l’autre côté du fleuve, à Brazzaville, que travaille le dramaturge, metteur en scène et comédien Dieudonné Niangouna, 31 ans. Iconoclaste, il invente avec son frère Criss en 1997, en pleine guerre civile, une pratique du jeu théâtral qu’ils baptisent « big boum bang ». Le concept : la pièce est constituée de scènes qui ne doivent pas se ressembler et qui se déroulent suivant un ordre précis. La scène finit sur une explosion qui donne lieu à un silence brutal. Puis la scène suivante prend le relais, etc. Ce nouveau langage explosif fait la part belle aux ruptures et cassures du jeu. « J’aime la déconstruction, car c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour écrire », avoue Dieudonné Niangouna. Dans la foulée du « big boum bang », les deux frères créent leur compagnie, Les Bruits de la rue, dont les créations abordent les violences quotidiennes.

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À Avignon, il présente Attitude clando, monologue d’un homme en errance. « Le clandestin est la grande invention du XXe siècle, et cela dépasse le cadre des frontières ou des continents », note-t-il. Dieudonné Niangouna explique ce qui motive sa présence à cette nouvelle édition du Festival : « Pour faire entendre ce que j’ai à dire à un plus large public, qui ne me connaît sans doute pas. C’est comme si l’on me donnait un mégaphone pour me faire entendre. » Plusieurs lectures de ses autres textes sont prévues, ainsi qu’un cycle de lectures dédié aux jeunes auteurs africains, qui promèneront le spectateur du Cameroun au Congo, de la République démocratique du Congo à Mayotte en passant par le Burkina Faso.

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