Eldorado bissauguinéen

Publié le 9 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

La Guinée-Bissau fait rarement parler d’elle. Mais, depuis 2004, ce petit État de l’Afrique de l’Ouest, frontalier du Sénégal, détient un triste record : il est la première plate-forme ouest-africaine d’exportation de cocaïne vers l’Europe. Ces dix dernières années, la « poudre blanche » a connu un succès grandissant sur le Vieux Continent où, selon l’ONU, sa consommation a triplé tandis que, sur la même période, elle chutait aux États-Unis. Un eldorado pour les trois principaux pays producteurs que sont la Bolivie, le Pérou et la Colombie.
Aujourd’hui, les narcotrafiquants sud-américains, pour qui il est désormais quasi impossible d’exporter de grandes quantités en Europe – les points d’entrée, ports et aéroports, font l’objet d’une stricte surveillance – ont besoin d’un nouveau point d’éclatement, un « hub », dans le jargon aéroportuaire. Avec ses 350 kilomètres de côtes non gardées, sa cinquantaine de petites îles à l’abandon, son instabilité politique et sa pauvreté chronique, la Guinée-Bissau est l’endroit idéal
En 2004, des trafiquants colombiens ont commencé à louer des maisons dans le pays, rapporte l’hebdomadaire américain Time. Officiellement, ils sont exportateurs de poissons ou de noix de cajou, la principale richesse du pays. En réalité, depuis ces demeures, souvent des vestiges de la colonisation portugaise, ils organisent le stockage et le transport de la « came » importée d’Amérique latine, tantôt à bord d’un bateau, où la feuille de coca est transformée, tantôt par avion, prête à être consommée.
Les autorités qui, en septembre 2006, ont saisi 674 kg de cocaïne, sont bien conscientes de la place que tient leur pays dans le narcotrafic. « La cocaïne est un énorme problème, reconnaît le porte-parole du gouvernement, Barnabé Gomes, cité par Time. Mais l’Europe ne fait pas grand-chose pour nous aider », ajoute-t-il. De source policière, les trafiquants jouissent de la protection des militaires. Mais impossible de savoir s’ils sont payés en retour ou s’ils sont directement impliqués dans le trafic.
D’après l’organisation internationale de police Interpol, les deux tiers de la cocaïne qui arrive en Europe – 200 000 à 300 000 kilos au total chaque année – transitent par l’Afrique de l’Ouest. La Guinée-Bissau n’est pas un cas isolé : outre le Sénégal (voir ci-dessus), le Liberia, la Sierra Leone et le Ghana jouent le même rôle. Mais dans une moindre mesure

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