Guinée : décès de Mamadouba Toto Camara, ancien numéro deux de Dadis Camara

Chef d’état-major adjoint de l’armée de terre sous Lansana Conté, puis numéro deux de la junte militaire au pouvoir entre 2008 et 2010, le général Mamadouba Toto Camara est mort le 23 août à Conakry.

Le général guinéen Mamadou Toto Camara à Conakry, le 16 décembre 2009. © SIA KAMBOU/AFP

Le général guinéen Mamadou Toto Camara à Conakry, le 16 décembre 2009. © SIA KAMBOU/AFP

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Publié le 24 août 2021 Lecture : 2 minutes.

C’est au début des années 2000 qu’il avait pour la première fois fait parler de lui. Lansana Conté était à l’époque malade et vieillissant et le colonel Mamadouba Toto Camara avait été soupçonné d’avoir trempé dans l’un de ces complots qui ont rythmé les dernières années de sa présidence. En 2004, chef d’état-major général adjoint de l’armée de terre, formé sur les bancs de Saint-Cyr et de l’Institut de défense nationale, à Paris, il est emprisonné en même temps que plusieurs cadres de l’Union des forces républicaines (UFR), de Sidya Touré.

« Il s’en est toujours défendu mais ce soupçon l’a poursuivi, se souvient Tibou Kamara, aujourd’hui ministre et porte-parole du gouvernement. C’était un officier connu et influent au sein de l’armée, qui a toujours été soupçonné de vouloir s’emparer du pouvoir d’État. »

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« Destin présidentiel manqué »

Quand Lansana Conté s’éteint le 22 décembre 2008, l’armée entre en scène et ravit le pouvoir à son dauphin constitutionnel, Aboubacar Somparé, le président de l’Assemblée nationale. Le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) voit le jour, dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara. Fort de sa notoriété et de son influence au sein de la troupe, Mamadouba Toto Camara est nommé premier vice-président et obtient le portefeuille de la Sécurité.

Cette fonction, explique Tibou Kamara, « lui a été confiée par respect pour son grade [il était à l’époque général de brigade], mais c’était un lot de consolation. Et cela a été la même chose lorsque Dadis a dû quitter le pouvoir. On peut donc parler d’un destin présidentiel plusieurs fois manqué. »

En décembre 2009, lorsque Dadis est ciblé par une tentative d’assassinat, Mamadouba Toto Camara a beau être la deuxième personnalité de l’État dans l’ordre protocolaire du CNDD, ce n’est pas à lui mais à Sékouba Konaté – surnommé « le Tigre » – qu’il revient d’assurer la présidence par intérim.

Disgrâce

Après la transition militaire et l’accession d’Alpha Condé au pouvoir en décembre 2010, Mamadouba Toto Camara est reconduit à son poste de ministre de la Sécurité. Il sera remercié deux ans plus tard, en octobre 2012, à l’occasion du premier remaniement gouvernemental de l’ère Condé. En même temps que deux autres anciens membres de la junte : feu Mamadou Korka Diallo et Mathurin Bangoura, actuel gouverneur de la ville de Conakry.

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Mamadouba Toto Camara s’était depuis mis en retrait de la vie politique et était tombé en disgrâce : en sa qualité d’ancien numéro deux du CNDD, il avait été inculpé dans le cadre de l’enquête sur le massacre du 28 septembre 2009 et « poursuivi pour les exactions commises par les forces de police placées sous son commandement ».

Mamadouba Toto Camara avait récemment connu des ennuis de santé et avait dû recevoir des soins à l’étranger. Son décès intervient alors qu’il était revenu depuis peu à Conakry.

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Dans un communiqué publié dans la soirée du 23 août, le ministre de la Défense nationale, Mohamed Diané, a présenté « ses condoléances les plus attristées à [sa] famille ». « Sa mort a été accueillie avec beaucoup d’émotion et de tristesse par le président de la République et par le gouvernement, ajoute Tibou Kamara. La Guinée salue la mémoire d’un officier, d’un soldat qui l’a servie durant toute sa vie. »

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