Un prisonnier nommé Bemba

Publié le 9 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Selon Liliane, son épouse, la première préoccupation de l’opposant congolais Jean-Pierre Bemba est aujourd’hui la scolarité de leurs cinq enfants. Depuis la prison de Saint-Gilles, à Bruxelles, où il a été incarcéré après son arrestation, le 24 mai (il était visé par un mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et contre l’humanité), il leur téléphone régulièrement pour leur recommander le plus grand sérieux à l’approche des examens de fin d’année. Pour les encourager, il leur rappelle que le voyage aux États-Unis (New York, Miami, Las Vegas, Los Angeles) que la famille a prévu de faire au mois de juillet tient toujours.
Ce sera probablement sans lui. Le 5 juin, la justice belge a en effet rejeté l’appel de Bemba contre son arrestation, ainsi que sa demande de mise en liberté provisoire. Sauf si la Cour de cassation, devant laquelle Me Pierre Legros, l’un de ses trois avocats, envisage d’introduire un pourvoi, décide de renvoyer l’affaire devant une autre juridiction, le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC) a toute chance d’être transféré au siège de la CPI, à La Haye, au cours des deux ou trois prochains mois.
En attendant, il reste « serein », jure son épouse, qui lui rend visite trois fois par semaine (lundi, mercredi, samedi). Elle aimerait bien lui apporter les plats congolais dont il raffole – banane plantain ou poulet fumé -, mais le règlement de la prison l’interdit. En revanche, elle lui fournit des vêtements : lors de son arrestation, son mari n’a « rien pu prendre avec lui ».
Le couple n’est pas autorisé à se rencontrer dans la cellule VIP du prisonnier – où il dispose d’une télévision, d’une salle de bains et d’un téléphone fixe -, mais dans une salle surveillée par un gardien posté à l’extérieur. Bemba et son épouse s’y entretiennent en tête à tête pendant plusieurs heures. De la famille, d’abord, car, à l’exception de sa fille aînée, aucun de ses enfants ne lui a rendu visite. Et Jeannot, son père, pas davantage.
Bien sûr, le sénateur de l’Equateur peaufine aussi sa stratégie de défense. « S’il est effectivement transféré à La Haye, il lui faudra faire appel à des avocats de plus gros calibre », confie une source proche du dossier. Mais, pour le moment, les comptes bancaires du couple sont bloqués. « Jean-Pierre Bemba a beaucoup d’amis parmi les chefs d’État africains, ils ne le laisseront pas tomber », assure, à Kin­shasa, François Muamba, le numéro deux du MLC.

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