Une visite sous surveillance

Nouakchott de nouveau pris en tenailles à son corps défendant dans le conflit qui oppose Rabat et Alger sur la question du Sahara occidental.

Publié le 9 juin 2008 Lecture : 1 minute.

Le nouveau Premier ministre mauritanien Yahya Ould Ahmed el-Waghf – il a été nommé le 6 mai – a présidé, du 1er au 3 juin, à Alger, avec son homologue Abdelaziz Belkhadem, la 16e session de la Grande Commission mixte bilatérale. Comme de rigueur, l’événement a été l’occasion de célébrer en grande pompe la fraternité algéro-mauritanienne et d’Âoeuvrer à sa consolidation. Riche en pétrodollars et bienveillant avec son petit voisin, qui en est quasiment dépourvu, le grand frère algérien a consenti à convertir la dette de la Mauritanie en investissements et à financer l’étude du vieux projet de route entre Tindouf (Sud-Ouest algérien) et Choum (Nord mauritanien). Cinq accords de coopération ont également été signés, portant notamment sur la communication et la santé. Bref, rien que de très normal en diplomatie.
Pourtant, le quotidien marocain Libération a relevé un « manque de tact et de finesse dont l’Algérie a fait montre [Â] à l’endroit du Premier ministre mauritanien ». Pour le journal, cette attitude tiendrait à des propos de Messaoud Ould Boulkheir au sujet du Sahara qui auraient froissé Alger. Le 30 mai, au lendemain d’une visite à Rabat, le président de l’Assemblée nationale mauritanienne a en effet annoncé qu’il avait assuré son homologue marocain de « l’appui de la Mauritanie à la nouvelle initiative du royaume du Maroc pour une solution pacifique et juste de la question sahraouie ». Une phrase interprétée par le journal comme une déclaration promarocaine, alors que « Messaoud » ne faisait que formuler la position officielle de Nouakchott sur l’épineux dossier du Sahara : soutien à toute solution des Nations unies et entière disponibilité pour aider au rapprochement entre l’Algérie et le Maroc. Ce petit couac, qui a contraint Messaoud, à son retour, à réaffirmer la neutralité de la Mauritanie, rappelle l’inconfort de la situation géographique du pays, coincé entre les « frères ennemis » algérien et marocain. Chacun de ses gestes et propos au sujet du Sahara est scruté et « fantasmé » à Rabat ou à Alger. La visite du roi Mohammed VI à Nouakchott, prévue à la mi-juin, relancera probablement la polémique.

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