Afrique du Sud : un « zumathon » pour Jacob
Les proches de l’ancien président ont lancé un appel aux dons pour couvrir ses frais de justice. Une campagne diversement appréciée…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 27 août 2021 Lecture : 2 minutes.
Alors que les autorités sud-africaines estiment que plus de 500 milliards de rands (35 milliards de dollars) auraient frauduleusement quitté les coffres de l’État sous le règne de Jacob Zuma, l’ancien président toucherait une retraite insuffisante pour couvrir ses frais de justice. C’est en tout cas ce que laissent entendre ses proches, qui appellent leurs concitoyens à se cotiser pour l’ancien chef de l’État avec des trémolos dans la voix.
Jérémiades
Alors que l’ex-président purge une peine de quinze mois d’emprisonnement, un encart de la Fondation Jacob Zuma demande « humblement le soutien de dons pour aider à couvrir les frais de justice » de son « chef ». Le tweet qui l’accompagne implore les « mains secourables » du « cher peuple d’Afrique du Sud et du monde entier ». Sous forme de cagnotte, cette campagne publique s’illustre d’un visuel qui fournit des coordonnées bancaires.
Pour de nombreux Sud-Africains qui connaissent le train de vie de la famille Zuma, ces jérémiades rappellent les crowdfundings (« financement participatif ») du Zimbabwéen Robert Mugabe à l’approche de son anniversaire… Et la comparaison n’est pas flatteuse.
Des « zunami » indécents
Certes, seule la justice est en mesure de chiffrer les éventuels détournements du régime Zuma, notamment dans une vieille affaire de corruption liée à un contrat d’armement. Parfois qualifiées de « zunami », les sommes déjà réclamées à l’ancien président donnent le tournis : plus d’un million de dollars de frais de justice indus, 20 millions de dollars de fonds publics dépensés pour une résidence privée, etc. Indécent dans un pays où le taux de chômage vient de battre un nouveau record, atteignant la barre des 34,4 % entre les mois d’avril et de juin ?
En 2019, il déclarait qu’il avait dû vendre ses chapeaux et ses chaussettes pour payer ses frais d’avocat
Mais il en va ainsi de la communication de l’ancien compagnon de Nelson Mandela : tout y est spectacle, y compris les déboires judiciaires. Lors d’un procès pour viol en 2005, Zuma déchaînait les satiristes en évoquant une « douche » comme moyen post-coïtal de prévention du sida. En 2019, il déclarait qu’il avait dû vendre ses chapeaux et ses chaussettes pour payer ses frais d’avocat, et en avril dernier, la justice entrait dans son jeu en lui demandant de déterminer lui-même sa peine pour « outrage à la justice ».
Âgé de 79 ans, Jacob Zuma fera-t-il bientôt vibrer la corde sensible des Sud-Africains et de sa famille nombreuse – cinq épouses et au moins vingt enfants ? À vot’ bon cœur, m’sieurs dames !
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