Mali-Côte d’Ivoire : où en est l’affaire Ben Souk ?
Les conseils de ce proche de Guillaume Soro ont demandé sa mise en liberté et l’annulation de tous les actes initiés depuis son arrestation, le 10 août à Bamako.
Depuis l’arrestation de Sess Soukou Mohamed, dit Ben Souk, par des hommes en cagoule, le 10 août, des informations contradictoires circulaient sur son lieu de détention. Contacté par Jeune Afrique, son avocat, Me Khalifa Yaro, affirme que l’ex-député de Dabou est détenu dans les locaux de la gendarmerie, au Camp n°1, à Bamako. « Je l’ai vu trois fois et à la suite de nos échanges, il s’est montré confiant, assure notre interlocuteur. Son moral est bon. »
Qu’est-ce qu’un acte subversif au niveau du code pénal ?
Dans un communiqué diffusé le lendemain de l’arrestation, le procureur de la Commune-IV, Idrissa Hamidou Touré, avait précisé que Ben Souk avait été interpellé en vertu d’un « mandat d’arrêt international [émis] le 16 novembre 2020 » par la justice ivoirienne, qui l’accuse « d’actes subversifs pouvant admettre une qualification pénale, commis sur le territoire national ». Une commission d’enquête préliminaire, dirigée par la gendarmerie, a été mise en place. Mais les conseils de Ben Souk s’interrogent sur la nature de ces « actes subversifs » présumés et disent ne pas savoir s’ils concernent le Mali ou la Côte d’Ivoire. « Ce n’est pas clair, insiste Khalifa Yaro. En plus, qu’est-ce qu’un acte subversif au niveau du code pénal ? »
Demande d’extradition
Une perquisition a été faite à son domicile bamakois et des membres de son entourage ont été entendus. Le 16 août, les conseils de Ben Souk ont introduit un recours devant la chambre d’accusation afin de demander sa remise en liberté et l’annulation de tous les actes initiés dans le cadre de cette affaire. « Le dossier a été transmis au procureur général pour ses réquisitions et la communication de toute la procédure à la chambre d’accusation », détaille encore son avocat, qui précise que les délais dépendent de la communication du dossier par le procureur.
En Côte d’Ivoire, Ben Souk a fait l’objet d’une condamnation à vingt ans de prison en juin dernier et le ministère ivoirien de la Justice a formulé une demande d’extradition. Une vingtaine de proches de Guillaume Soro avaient été accusés de « complot », « atteinte à la sûreté de l’État » et « diffusion de fausses informations » à la suite du retour avorté de l’ancien président de l’Assemblée nationale, en 2019.
Ben Souk est l’un des plus anciens camarades de Guillaume Soro, qu’il a rencontré au temps où celui-ci dirigeait la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). Il est aussi membre de Générations et peuples solidaires (GPS), le mouvement que dirige Soro. Depuis plusieurs mois, il s’était installé au Mali et fréquentait la mosquée de l’imam Mahmoud Dicko.
Alors qu’un rapprochement politique se dessine ces dernières semaines entre les autorités de la transition et Abidjan, faut-il craindre que Ben Souk soit extradé en échange de Karim Keïta, que la justice malienne souhaite entendre dans l’affaire de la disparition du journaliste Birama Touré ? « Je n’ai pas d’appréhensions à ce sujet, confie Me Yaro, qui est également l’un des avocats de Karim Keïta. « Les derniers événements politiques de la Côte d’Ivoire prouvent que le chef de l’État [Alassane Ouattara] est dans une posture de réconciliation de tout le peuple ivoirien. Je vois une antinomie entre le retour de Laurent Gbagbo, une démonstration de bonne volonté, et la volonté d’extrader Ben Souk. »
Quant à l’affaire Karim Keïta, ses conseils ont demandé l’annulation du mandat d’arrêt début août : « En matière d’extradition et de mandat d’arrêt, il y a des procédures régulières à suivre. Pourtant, on nous refuse tout accès au dossier. C’est une violation de son droit à se défendre. »
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