Notre homme à La Havane

Rumba De Jean-Luc Marty, Julliard, 308 p., 19 euros.

Publié le 9 juin 2008 Lecture : 1 minute.

À force de clichés ou de commentaires passionnés, on perd ce qui fait la vérité d’un pays. Cuba, par exemple, ne se résume pas à un tyranneau en survêtement, au marché noir ou aux avatars du tourisme sexuel. C’est tout le mérite de ce roman à l’écriture nerveuse et à la construction aussi binaire que la cellule rythmique des claves, de restituer l’authenticité de cette île qui charrie dans ses entrailles la culture des esclaves africains.
Des quartiers noirs de Santiago ou de La Havane montent des voix qui sonnent juste. Elles se croisent, se juxtaposent, s’entremêlent ou se contredisent, jusqu’à la parade amoureuse finale, pour donner leur version d’un même fait. En l’occurrence, la mort mystérieuse – accident ? meurtre ? – d’un gardien de hangar. Son fils, Enrique, exilé à Miami depuis l’âge de 8 ans, revient pour la première fois dans son île natale. Pour avoir le cÂur net sur cette affaire et, surtout, sur lui-même.
En chemin, outre des pêcheurs, des rumberos et des commères, il croise Zen, la métisse à la peau claire. Fille d’un marin japonais, cette coiffeuse n’a pas son pareil pour tresser les chevelures comme une Parque de l’Antiquité tisse les fils du destin. L’envoûtement joue à plein, pour le héros comme pour le lecteur. Enrique, comme souvent lors d’une quête initiatique, se découvre davantage qu’il ne découvre ce pays si longtemps fantasmé. Il n’en repartira pas. On est loin du énième livre d’un énième « journaliste qui écrit ». L’auteur, Jean-Luc Marty, par ailleurs rédacteur en chef du magazine Geo, est un écrivain. Un vrai. Aussi vrai que sa « danse de l’amour ».

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