Élisabeth demande justice

L’ONG britannique Save the Children dénonce le viol d’une fillette de 12 ans par des Casques bleus cantonnés à Man, dans l’ouest du pays, à la mi-2007.

Publié le 9 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

« C’est une affaire sensible. On ne peut rien dire pour le moment » Au siège de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), à Abidjan, les responsables sont visiblement très embarrassés. Les faits remontent à la mi-2007. Selon l’ONG britannique Save the Children (Sauver les enfants), une fillette ivoirienne de 12 ans aurait été violée par dix Casques bleus. Le 27 mai dernier, la victime a témoigné sous anonymat sur la BBC. Depuis, c’est le choc.
Que s’est-il passé réellement ? Pour protéger la victime, Save the Children est avare d’informations. Mais il semble que les faits se soient produits dans la région de Man, dans l’ouest du pays. Quel est le contingent impliqué ? Il y a un an, des Casques bleus marocains avaient été consignés à Bouaké à la suite de soupçons d’abus sexuels. Mais cette fois-ci, Save the Children affirme que les violeurs présumés ne sont pas marocains. Outre le Maroc, neuf autres pays fournissent des contingents à l’Onuci : le Bangladesh, le Bénin, la France, le Ghana, la Jordanie, le Niger, le Pakistan, le Sénégal et le Togo.
À Abidjan, certains doutent du témoignage de la fillette, s’étonnant que la victime n’ait parlé qu’un an après son agression. Pourtant, l’ONG n’a pas travaillé à la légère. À Man, son équipe a eu connaissance du crime dès l’an dernier, mais elle n’a pas réussi à convaincre la fillette de parler plus tôt. Celle-ci avait trop peur des représailles. Elle n’est sortie de son silence qu’après le départ de ses agresseurs.
En fait, le plus sordide dans cette histoire, c’est l’impunité dont profitent les violeurs. Ceux-ci savaient que, si leur crime était découvert avant la fin de leur séjour ivoirien, ils risquaient un rapatriement express, leur photo à la une de tous les journaux et un procès devant une cour martiale de leur pays. Ils ont donc terrorisé la fillette et sa famille jusqu’au jour où ils ont bénéficié d’une rotation pour rentrer tranquillement chez eux. Maintenant, ils espèrent que le scandale sera étouffé par leur gouvernement. À Abidjan, le chef de l’Onuci, le Sud-Coréen Choi Young-jin, regrette d’avoir eu connaissance du drame tardivement : « Si nous l’avions appris plus tôt, les présumés coupables auraient pu être arrêtés. » Bien sûr, une enquête ouverte par les Nations unies permettra peut-être de savoir de quel pays venaient ces funestes « soldats de la paix ». Mais seront-ils jugés ? La Côte d’Ivoire n’est pas seule en cause. Selon Save the Children, les abus sexuels sont aussi fréquents en Haïti. Quelle solution ? Peut-être un nouveau contrat entre l’ONU et les pays contributeurs de troupes afin que les brebis galeuses soient systématiquement déférées devant la justice.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires