Le port de Douala en quête de compétitivité
Le verdict est sans appel. Le mauvais fonctionnement du Port autonome de Douala (PAD), qui traite 95 % du trafic portuaire du Cameroun, perturbe les activités économiques du pays. L’enlèvement des marchandises et les délais de livraison sont beaucoup trop longs avec, entre autres conséquences, des perturbations dans la collecte des recettes douanières. « La mauvaise organisation du travail entraîne des lenteurs dans la sortie des conteneurs », explique un responsable de la douane, sous couvert d’anonymat. En volume, les importations ont augmenté de 30 % depuis 2006. Le nombre de conteneurs avait augmenté de 9 % en 2006, pour atteindre 34 170 (dernières statistiques connues), représentant un trafic conteneurisé de 530 192 tonnes et 570 navires déchargés.
Malgré la présence d’une vingtaine d’opérateurs employant près de 2 000 dockers, les faibles cadences de manutention obèrent la compétitivité de cette plate-forme portuaire à vocation sous-régionale. Le problème n’est pas nouveau. Dans le cadre de la campagne pour l’élection présidentielle de 2004, des actions avaient été annoncées pour « faire du port de Douala un organisme pouvant rivaliser avec les autres ports du golfe de Guinée ». La mise en concession du terminal à conteneurs, intervenue en juin 2004, avait aussi pour objectif d’améliorer les performances. Le consortium en charge, Douala International Terminal (DIT), regroupe l’opérateur néerlandais AP Moller-Maersk (31 %), le français Getma (groupe Bolloré, 28 %) et des opérateurs camerounais. Il verse une redevance annuelle de 3,1 milliards de F CFA (4,7 millions d’euros) au PAD et réalise un chiffre d’affaires annuel de 22 milliards de F CFA en facturant 145 000 F CFA le déchargement d’un conteneur de 40 pieds.
Objectif : traiter 300 conteneurs par jour
Tout juste en fonctions, le nouveau ministre des Finances camerounais, Essimi Menye, a tenu une réunion de crise avec l’ensemble des opérateurs. Avant juillet, de nouveaux engins doivent être installés dans l’objectif de traiter 300 conteneurs par jour, « soit trois fois plus que le rythme actuel », note un opérateur. Dayas Mounoume, directeur général nommé fin janvier, a pour mission d’assainir les relations entre l’autorité portuaire et le concessionnaire. Il doit en outre viabiliser le chenal du port en assurant le dragage pour permettre l’accostage de plus grands navires. La société Boscampo, qui assurait ce travail, étant en rupture de contrat, l’on prête au groupe Bolloré l’intention de se saisir de cette opportunité. Ce que son directeur pour le Cameroun, Christophe Pujalte, dément formellement : « Notre groupe n’a jamais participé au dragage du chenal, ni hier, ni aujourd’hui, ni demain. »
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