Kamikazes et critiques d’art
Le 2 juin à Islamabad, un attentat-suicide contre l’ambassade du Danemark a fait six morts (dont un ressortissant danois d’origine pakistanaise). Quarante-huit heures plus tard, l’opération a été revendiquée par Al-Qaïda. Elle est à l’évidence la sanglante conséquence de la publication par le quotidien danois Jillands-Posten, en 2005, de (médiocres) caricatures du Prophète de l’islam jugées blasphématoires – ce qui constitue une forme de critique d’art sans doute un peu radicale.
On sait que cette affaire avait provoqué dans le monde musulman une vague de protestations, qui avait culminé, l’année suivante, par une série d’attaques contre des chancelleries danoises, de Beyrouth à Téhéran en passant par Damas. Depuis, les ressortissants danois sont soumis à de strictes règles de prudence lors de leurs déplacements à l’étranger. Et le nombre des personnels employés dans les représentations diplomatiques du royaume dans le monde arabe et musulman a été drastiquement revu à la baisse.
Dans son communiqué, Al-Qaïda félicite chaleureusement les talibans pakistanais, ses alliés locaux, d’avoir ainsi lavé l’affront fait au Prophète. Mais, curieusement, ces derniers démentent toute implication. Il est vrai qu’ils sont actuellement en pleine négociations avec le nouveau gouvernement en vue de la proclamation d’une « paix des braves ». Au grand dam, soit dit en passant, de l’administration Bush.
Les morts n’ont, eux, aucun avis sur la question.
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