Rwanda : la demande de non-lieu d’Agathe Habyarimana jugée « irrecevable »

La veuve de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, assassiné le 6 avril 1994, est visée depuis 2008 par une enquête sur son rôle lors du génocide des Tutsi.

Agathe Habyarimana, veuve de l’ancien président rwandais Juvenal Habyarimana, au Palais de justice de Paris, le 10 janvier 2012. © Remy de la Mauviniere/AP/SIPA

Agathe Habyarimana, veuve de l’ancien président rwandais Juvenal Habyarimana, au Palais de justice de Paris, le 10 janvier 2012. © Remy de la Mauviniere/AP/SIPA

Publié le 30 août 2021 Lecture : 2 minutes.

La Cour d’appel de Paris a jugé lundi « irrecevable » la demande de non-lieu d’Agathe Habyarimana, soupçonnée d’être impliquée dans le génocide commis contre les Tutsi au Rwanda en 1994 et visée par une enquête en France depuis treize ans.

Cette requête a été jugée irrecevable pour des questions de forme, a précisé à l’AFP une source judiciaire. « On occulte le débat au fond pour s’en tenir à des arguties juridiques », a regretté ce 30 août son avocat, Me Philippe Meilhac.

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Agathe Kanziga, veuve de Juvénal Habyarimana, le président hutu dont l’assassinat, le 6 avril 1994, avait donné le signal de départ au génocide contre les Tutsi, est visée depuis 2008 par une information judiciaire en France portant sur son rôle lors du génocide, initiée par une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR).

Témoin assisté

Dans cette procédure, elle a été placée en 2016 sous le statut de témoin assisté, intermédiaire entre témoin et mis en examen, et n’a plus été interrogée depuis sur les faits.

Aujourd’hui âgée de 78 ans, elle invoquait le « délai déraisonnable » de l’enquête pour demander aux juges d’instruction de clore leurs investigations. Ceux-ci ont rejeté sa demande en novembre, faisant notamment valoir que des actes d’instruction étaient « en cours ». Elle a alors interjeté appel de leur décision.

C’est une situation déplorable car cela bloque toute possibilité de régulariser sa situation administrative

« C’est un dossier dans lequel on n’a aucun élément nouveau depuis cinq ans et pas davantage depuis sa demande de non-lieu [l’an dernier], a souligné Me Meilhac. C’est une situation déplorable car cela bloque toute possibilité de régulariser sa situation administrative. »

Contacté par l’AFP, Alain Gauthier, cofondateur du CPCR, s’est « réjoui » de la décision de la Cour d’appel. « Mais le principal n’est pas dit, a-t-il ajouté. Quelle suite va être donnée à l’information judiciaire dans cette affaire ? Est-ce que la justice française va encore traîner des pieds pendant des années et attendre que Mme Habyarimana disparaisse, comme ça le dossier s’éteindra ? »

En France depuis 1998

Installée en France depuis 1998, Agathe Habyarimana est, de facto, sans statut légal puisque les autorités de ce pays ont refusé de l’extrader vers le Rwanda en 2011, sans toutefois lui accorder l’asile en raison des soupçons sur le rôle qu’elle a pu jouer dans l’une des pires tragédies du XXe siècle.

Elle est souvent présentée par ses accusateurs comme l’une des dirigeantes de l’ »akazu », le premier cercle du pouvoir hutu qui a planifié et orchestré le génocide pendant lequel quelque 1 million de personnes, essentiellement tutsi, ont été tuées. Un rôle qu’Agathe Habyarimana a toujours contesté.

Avec AFP

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