« J’ai fait un rêve »

Publié le 9 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Surfant sur le tsunami de l’Obamania qui déferle à travers la planète, un éditeur français (Grasset) vient d’avoir l’excellente idée de publier sous la forme d’un petit livre bilingue l’extraordinaire discours prononcé le 18 mars 2008 à Philadelphie par le candidat démocrate à la présidence des États-Unis. Son titre : De la race en Amérique. C’est un vrai choc, à la fois politique et émotionnel, un superbe plaidoyer pour la réconciliation ethnique à l’instar du célébrissime « I have a dream » de Martin Luther King et sans aucun doute le discours le plus important de la carrière de Barack Obama. Lui et son équipe de speechwriters ont travaillé sur ce texte pendant cinq jours et cinq nuits, et nul autre que lui n’avait dit au cours d’une campagne électorale ce qu’il a osé dire ce matin-là, dans la ville fondatrice de la démocratie américaine. Qu’est-ce qu’être un Noir aux États-Unis en 2008 ? Comment aborder la question raciale sans la caricaturer ? Comment « sortir de l’impasse raciale dans laquelle nous demeurons enfermés depuis des années » ? Comment faire disparaître « la rancoeur des Blancs » et comment obtenir des Noirs qu’ils « acceptent les fardeaux du passé sans en devenir les victimes » ? On l’entend d’ici, de sa voix grave et posée, mettre l’accent sur les mots qui touchent : « Je suis le fils d’un homme noir du Kenya et d’une femme blanche du Kansas. J’ai épousé une Noire américaine qui porte en elle le sang des esclaves et de leurs maîtres. J’ai des frères, des soeurs, des nièces, des neveux, des oncles et des cousins dispersés sur trois continents. Aussi longtemps que je vivrai, je n’oublierai jamais que nul autre pays au monde n’aurait rendu mon histoire possible [Â] Ce que je sais, pour l’avoir vu, c’est que l’Amérique peut changer. »
Ce discours lucide et courageux, dont nous vous donnerons à lire l’essentiel dans un prochain J.A., est un discours exceptionnel au sens propre du terme. Contrairement à celui qu’a prononcé le même Barack Obama le 4 juin à propos d’Israël et du Moyen-Orient et qui a tant déçu ses supporteurs dans le monde arabe, il ne s’agit pas en effet d’une allocution de politicien contraint d’apaiser tel ou tel lobby. C’est un texte sincère et non pas contraint. Un rêve d’ouverture et de tolérance. Une réflexion qui, après tant de décennies de déceptions, d’aigreurs et de violences, donne enfin l’envie d’aimer l’Amérique.

Barack Obama, De la race en Amérique, Grasset, Paris, 2008, 85 pages, 8 euros.

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