Hevego fait les beaux jours du caoutchouc

Initialement créée pour développer des plantations, la société ivoirienne prépare désormais dans ses laboratoires l’avenir de l’hévéa.

Publié le 9 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Les ingénieurs agronomes d’Hevego ont de quoi pavoiser. Ce sont eux qui ont été retenus par l’Éthiopie en février dernier pour planter 2 500 hectares d’hévéas, sur cinq ans, pour un montant de 5 millions de dollars. Les plantations débutent en ce mois de juin. Ce succès commercial conforte la position de la société ivoirienne, qui ne cesse d’accroître son périmètre d’action et ses champs de compétence. Liberia, Ghana, Nigeria, Cameroun, Gabon et à présent Éthiopie, la liste des pays où elle apporte conseils, formations et prestations techniques s’enrichit continuellement. Hevego vend également des plants de haute qualité dont les origines se situent au coeur de la forêt amazonienne et qui ont été confiés, en 1981, par la communauté internationale, à la Côte d’Ivoire pour l’Afrique et à la Malaisie pour l’Asie. Depuis le dernier forum de l’IRRDB (Comité international de recherche et de développement du caoutchouc naturel), en novembre 2007, Hevego doit aussi mettre sur pied un réseau africain d’instituts de recherche. Objectif : mieux valoriser les résultats obtenus en laboratoire alors que le continent fournit à peine 3 % de la production mondiale de caoutchouc, contre 94 % pour l’Asie.

Produire 365 000 tonnes par an
La Côte d’Ivoire se classe au septième rang mondial et au premier rang africain des producteurs. Une performance due au choix d’Abidjan, dès les années 1970, d’accorder une grande place à l’hévéa dans sa palette de cultures de rente : la cinquième après le cacao, le café, l’huile de palme et le coton. Aujourd’hui, dans un contexte de forte demande, le pays fait figure de précurseur et entend bien conserver son leadership sur le continent. Un Plan hévéicole national a d’ailleurs été confié à la société publique pour atteindre 365 000 tonnes par an, au lieu de 172 000 tonnes actuellement.
« Hevego est une société d’État, mais que de nom », se plaît pourtant à dire son directeur général, Kassoum Konaté. De fait, une gestion rigoureuse lui a évité de connaître les difficultés dans lesquelles sont engluées, en Côte d’Ivoire, nombre d’entreprises publiques. Créée en 1986 et détenue à 70 % par l’État ivoirien et à 10 % chacune par la Société africaine de plantations d’hévéas (SAPH), la Société des caoutchoucs de Grand-Béréby (SOGB) et la Compagnie de caoutchoucs du Pakidié (CCP), elle multiplie les performances. Alors qu’elle ne représente que 3 % de la production nationale, ses plantations sur un millier d’hectares ont le plus gros rendement, à 2,6 tonnes par hectare contre 1,5 tonne en moyenne. En commercialisant également le produit – à plus haute valeur ajoutée – de ses diverses expérimentations réalisées sur 500 hectares, son chiffre d’affaires est en constante progression : de 1,2 milliard en 2003 à 3,2 milliards de F CFA en 2007. Ce savoir-faire reconnu et cette assise financière ont permis de développer une recherche de pointe. En plus des principales entreprises de production et de semi-transformation du latex et du caoutchouc naturel (SAPH, SOGB, CCP) et des producteurs privés (plus de 60 % du secteur), la Côte d’Ivoire dispose ainsi d’un outil biotechnologique. L’hévéaculture du futur se dessine dans le sud du pays, le long de la rivière Go, près de San Pedro.

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