En route vers le « tourisme durable »

Publié le 9 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Il y a moins d’une génération, le Maroc ne livrait que chichement l’accès aux richesses de son patrimoine, et encore le faisait-il davantage en accueillant des résidents étrangers – les Yves Saint Laurent dans les Jardins Majorelle de Marrakech et autres Jean Genet ou Paul Bowles, à Tanger – qu’en hébergeant de « simples » touristes. Pour ceux-là, gibier de tour-opérateurs ou Allemands anonymes en quête de bronzage, de sable et de palmiers, il n’y avait guère que le petit « Club Med » de Cabo Negro, au Nord, et, au Sud, les plages d’Agadir, une ville arrachée à son passé par un tremblement de terre et reconstruite à l’image de ce qu’il n’était alors pas question d’infliger au reste du pays. Dans la Palmeraie de Marrakech et encore plus à La Mamounia, à Fès ou à Essaouira, des visiteurs, généralement aisés, cultivaient alors, chacun à sa manière, une relation singulière d’attirance, voire de fascination avec le royaume.
Aujourd’hui, on n’en est plus là. Les articles de ce dossier brossent la saga de l’extraordinaire réussite du tourisme marocain. Objectifs atteints, plan après plan, jusqu’au plus ambitieux d’entre eux, porté par le flux des MRE (les Marocains résidant à l’étranger), qui fixe la barre des entrées pour 2010 au nombre impressionnant de 10 millions. Des villes impériales aux pistes de ski de l’Oukaïmeden en passant par le désert ou les « marinas » de Bouznika, le « produit Maroc » s’est incontestablement imposé dans le catalogue des loisirs de la planète.
D’où la nécessité pour ses artisans de réguler, dès maintenant, l’impact de la croissance touristique sur leur pays. De veiller au renouvellement des ressources de l’environnement, à la valorisation des patrimoines de toute nature, au maintien de la qualité architecturale des sites et à la maîtrise des pollutions dans les lieux « consommés » par des voyageurs qui se comportent trop souvent avec désinvolture. De leur imposer le respect des traditions locales, sous peine de traumatiser des habitants confrontés à l’irruption brutale, dans leur cadre de vie, de coutumes étrangères portées par le bélier de l’argent. De veiller à la structure des emplois créés par une activité qui peut ne s’avérer rentable qu’en apparence. D’en diffuser les revenus, tant par l’étalement des « saisons » que par la répartition des gains sur la totalité de l’éventail social. Bref, de faire en sorte que cette croissance conduise le Maroc vers un tourisme équitable, un tourisme durable !

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