Amoureux de Rokia Traoré
Bamako, vendredi 16 mai. Il est 22 heures, Rokia Traoré apparaît sur la pointe des pieds, menue, frêle, avec un style garçon manqué et un halo de lumière découvrant son visage d’enfant, presque craintive : « Merci d’être venusÂÂ », lâche-t-elle, avec un air hésitant, comme si elle voulait s’excuser d’avoir déplacé tant de monde dans cette salle pleine à craquer du Blonba. Puis, dès les premières notes, sa voix à la fois satinée, tonique et sûre, ne flanche pas. La foule, alors, se déchaîne, chante, danse, parfois sur scène avec elle. Amusée, Rokia se prête au jeu, sans se départir de ses mélodies et de ses rythmes, en professionnelle aguerrie qu’elle est devenue.
Je suis allé à ce spectacle conquis d’avance, et j’en suis ressorti encore plus amoureux de ce bout de femme énergique, talentueuse, reconnaissante et pleine de sensibilité. Je suis resté subjugué par l’étrange métissage de sa musique, n’goni malien-guitare américaine, qui visite nos sens et explore nos humeurs tantôt avec la frénésie d’un rock, tantôt avec la douceur d’un blues nonchalant. C’était bouleversant. Voir Rokia et mourir, ou presque…
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