Un pari sur l’avenir

Publié le 10 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

La Tunisie est un pays étonnant. Alors que le secteur touristique connaît un fléchissement, notamment depuis l’attentat de Djerba, en avril 2002, les autorités relancent leur projet de construction d’un aéroport international à Enfidha, entre Hammamet et Sousse, deux pôles balnéaires d’importance. Un projet de 400 millions de dollars (340 millions d’euros) qui devra être réalisé sous forme de partenariat entre public et privé. Un appel d’offres est en cours. Une initiative d’autant plus surprenante que la Tunisie, petit pays de 164 000 km2, compte déjà sept aéroports internationaux.
La réussite de la Tunisie ne tiendrait-elle qu’au volontarisme de ses dirigeants ? Oui, disent les mauvaises langues. Le développement du pays se fait beaucoup à crédit. Nombre de ménages sont endettés, ce qui préoccupe de plus en plus les autorités, mais aussi des entreprises. À ce titre, l’effondrement du groupe Batam fait encore frémir plus d’un investisseur à Tunis. Le roi de la distribution, dont le chiffre d’affaires atteignait 200 millions d’euros, a été piégé par son endettement massif.

Pour autant, s’en tenir à ce constat serait injuste. Avec le retour de la pluie, la croissance retrouve des couleurs. Le système financier poursuit tant bien que mal son assainissement, sous la pression de la Banque centrale. Surtout, le pays offre stabilité, compétences humaines, croissance économique et réel pouvoir d’achat local. Les investisseurs étrangers l’ont bien compris. Par exemple, les investissements directs étrangers (IDE) d’origine française ont, selon la Mission économique de l’ambassade de France à Tunis, quadruplé entre 1997 et 2002 pour atteindre 132 millions d’euros au cours de l’année écoulée. Récemment, la Société générale a racheté la majorité de l’Union internationale de banques (UIB), rejoignant ainsi BNP Paribas sur le sol tunisien. Dans un autre registre, la Banque africaine de développement (BAD) a fait de Tunis son siège temporaire.

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La Tunisie consolide son avance sur l’Algérie, qui se relève à peine des années de cauchemar et voit ses efforts menacés par le séisme du 21 mai, et sur le Maroc, où les inégalités sociales se creusent. Le pays s’endette, mais pour son avenir. Soigne son image, pour attirer. S’ouvre davantage, en réduisant peu à peu la mainmise de l’État sur l’économie. Et renforce ses liens avec l’Union européenne. Autant de signes qui ne trompent pas. La réussite de la Tunisie, on le sait, tient essentiellement à son développement économique. On imagine mal les autorités ne pas consolider cet acquis.

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