Scandale de la dette cachée au Mozambique : où sont passés les 2 milliards de dollars ?
C’est l’un des plus gros scandales de corruption du continent, et il implique certaines des plus hautes personnalités de l’État. L’affaire de la « dette cachée » du Mozambique, dont une partie est actuellement au centre d’un retentissant procès à Maputo, est particulièrement complexe. Décryptage en infographies.
Cinq ans après la révélation, en 2016, du plus gros scandale de corruption qu’ait connu le pays, le procès s’est ouvert à Maputo. Depuis le 23 août, les 19 accusés mozambicains, parmi lesquels le fils de l’ancien président, Armando Ndambi Guebuza, comparaissent devant le juge Efigenio Baptista. Ce dernier préside les audiences qui doivent se tenir jusqu’au 2 décembre devant une prison de la capitale. Cité par plusieurs accusés comme un personnage clé de l’affaire, l’actuel président et ministre de la Défense au moment des faits, Filipe Nyusi, ne sera pas entendu et continue de nier toute implication.
À l’origine du scandale qui a entraîné le pays dans une crise financière sans précédent : la souscription secrète et illégale par trois sociétés mozambicaines d’un emprunt de plus de 2 milliards de dollars – 2,7 selon le tribunal judiciaire Maputo – garanti par l’État mozambicain. Les sommes, versées entre 2012 et 2013, devaient servir à financer un vaste projet de construction navale, de pêche et de surveillance maritime chapeauté par l’entreprise de construction française CMN (Constructions mécaniques de Normandie) détenue par le groupe libanais Privinvest Holdings.
Pot aux roses
Dès 2015, le château de cartes s’effondre à mesure que les révélations s’enchaînent. Le Parlement, supposé garantir le prêt, n’a jamais été consulté. Le projet, qui devait être axé sur le développement, est en fait surtout militaire. Les sociétés n’ont jamais été pleinement opérationnelles. Plus de 713 millions de dollars de surfacturation sont identifiés…
Une quinzaine de très hauts fonctionnaires mozambicains soupçonnés de s’être partagé plus de 200 millions de pots-de-vin
Un montage complexe, destiné à alimenter un système de corruption tentaculaire dans lequel sont impliquées certaines des personnalités haut placées dans les cercles du pouvoir. Outre trois banquiers suisses et un intermédiaire libanais, une quinzaine de très hauts fonctionnaires mozambicains sont soupçonnés de s’être partagé plus de 200 millions de pots-de-vin…
L’économie du pays, déjà exsangue, s’effondre. Les conséquences directes et indirectes de cette fraude auraient déjà coûté 11 milliards de dollars, soit 400 dollars par habitant – l’équivalent de 70 % du PIB en 2019 –, selon le Chr. Michelsen Institute, un organisme norvégien, qui estime que plus de 2 millions de Mozambicains se sont ainsi retrouvés précipités dans la pauvreté.
Comment ce montage a-t-il été constitué ? Qui sont les principaux bénéficiaires présumés de ce système de corruption à très grande échelle ? Quelles ont été les conséquences économiques de ce scandale ? Les réponses en infographies.
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