Covid-19 au Bénin : le gouvernement durcit les mesures
Six mois après l’assouplissement des premières restrictions, Porto-Novo, contraint par une nouvelle vague plus meurtrière, remet le verrou.
Fermeture des discothèques, interdiction des manifestations à caractère religieux, limitation du nombre de passagers dans les taxis, port obligatoire de masques de protection, interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes… À l’occasion de son conseil des ministres de rentrée, ce mercredi 1er septembre, le gouvernement béninois a renforcé les mesures de restriction pour lutter contre la propagation du coronavirus.
Face à la recrudescence des nouveaux cas positifs au Covid-19, l’exécutif a décidé de revenir à certaines mesures qui avaient été déjà appliquées au début de la première vague de la pandémie. À quelques exceptions près, pas de cordon sanitaire néanmoins, et l’interdiction des manifestations à caractère religieux ne signifie pas la fermeture des lieux de culte tels qu’églises et mosquées.
Sonnette d’alarme
« Par le passé, on a été jusque-là. On ne maîtrisait pas alors du tout la pandémie. On commence à la connaître et on se dit qu’il ne sera pas utile d’en arriver là maintenant », a assuré le porte-parole du gouvernement lors d’une conférence de presse donnée conjointement avec le ministre de la Santé ce jeudi 2 septembre au lendemain de l’annonce des nouvelles mesures.
Par ailleurs, l’équipe nationale de football devant affronter la RDC à Cotonou le 6 septembre dans le cadre de la deuxième journée des éliminatoires de la Coupe du monde de football, sont autorisées à titre exceptionnel les compétitions à caractère international, mais à huis clos et avec le pass sanitaire pour les sportifs et leur staff.
Les autorités sanitaires avaient commencé à tirer la sonnette d’alarme depuis quelques semaines face à la recrudescence des cas positifs portés par les nouveaux variants. En août, le nombre d’hospitalisations dues à la maladie avait grimpé, suscitant l’inquiétude.
Vaccin obligatoire
Le président de la République avait, dans une publication Facebook, appelé les Béninois à redoubler de vigilance. Patrice Talon avait lancé un appel à la vaccination. « J’invite donc chaque Béninoise et chaque Béninois, ainsi que toute personne résidant au Bénin, à remplir le contrat social qui nous lie dans le cadre de la lutte contre cette pandémie, c’est-à-dire à se faire vacciner pour se protéger et protéger les autres », avait-il notamment écrit. Mais dans le pays, la réticence à l’égard de la vaccination est encore élevée, alimentée par les rumeurs et les fake news.
La seule solution pour qu’on se retrouve dans les lieux de fête, c’est de nous vacciner
Mardi dernier, au cours d’une intervention filmée diffusée en direct sur Facebook, une vedette locale de la musique urbaine a émis des réserves sur le bien-fondé de la vaccination. Le lendemain, elle est revenue sur son propos. « Je vous demandais hier dans mon direct vos avis par rapport à la vaccination. La seule solution pour qu’on passe à autre chose et qu’on se retrouve dans les lieux de fête, c’est de nous vacciner », a-t-elle finalement posté sur sa page, qui compte plus de 800 000 abonnés.
De son côté, le gouvernement a décidé de passer à la vitesse supérieure en ce qui concerne la vaccination. Elle est désormais obligatoire pour certaines catégories de travailleurs. Sont concernés « le personnel médical et paramédical, les pharmaciens et aides-soignants, de même que le personnel administratif des formations sanitaires publiques et privées, [ainsi que] le personnel des officines pharmaceutiques ».
Lors de la conférence de presse du 2 septembre, le ministre de la Santé a encore tenu à rassurer l’opinion sur l’efficacité des vaccins. Deux types – AstraZeneca et Johnson&Johnson – sont administrés, selon le désir de chacun.
Inquiets et mécontents
Les nouvelles mesures décidées par le gouvernement ne font pourtant pas l’unanimité au sein de la population. Les acteurs culturels et les travailleurs des bars sont les premiers mécontents. « Le gouvernement du Bénin préfère sûrement que l’on meure de faim plutôt que l’on meure du Covid, nous, les acteurs culturels, car de toutes les mesures possibles, la seule qu’ils aient trouvée, c’est la suspension des activités culturelles et festives », critiquait un promoteur culturel sur les réseaux sociaux. La suspension des activités culturelles et festives ayant été décidée plus tôt.
Je me demande comment je ferai pour nourrir mes trois enfants
Diana, elle, est serveuse dans un bar à Cotonou. Les nouvelles mesures hypothèquent également sa survie. « Lors de la première fermeture, j’avais perdu mon emploi de l’époque. Je me demande comment je ferai pour nourrir mes trois enfants. Je ne suis même pas mariée », se lamente la trentenaire. Lors de la première vague de la maladie, le gouvernement avait déjà imposé des restrictions strictes entre mars et juin 2020.
Plusieurs travailleurs de l’informel avaient été affectés par la suspension de leurs activités. En juin 2020, le gouvernement avait décidé de soutenir les entreprises, les artisans et les populations en général afin d’atténuer les effets socioéconomiques de la crise sanitaire et 74,12 milliards de francs CFA avaient alors été décaissés. Cette enveloppe avait été répartie entre trois volets : soutien aux entreprises, secours aux artisans et subventions aux citoyens.
Au Bénin, près de 5 000 personnes sont encore sous traitement d’après les chiffres du gouvernement mis à jour le 2 septembre. Au total, 131 décès dus au Covid ont été recensés dans le pays depuis le début de la pandémie.
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