Une santé de fer

Relocalisée à Tunis, l’institution financière panafricaine, qui ne retrouvera pas son siège d’Abidjan avant 2005, affiche, pour l’exercice 2002, un bilan plus que satisfaisant.

Publié le 11 juin 2003 Lecture : 3 minutes.

Pour la deuxième année consécutive, les assemblées annuelles du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) se sont tenues à Addis-Abeba (du 3 au 5 juin). Pour la deuxième année consécutive, l’ombre de la Côte d’Ivoire a largement plané sur les débats du gotha de la finance continentale. En 2002, le bras de fer avait, à la surprise générale, porté sur la décision de la BAD de se doter d’un site de secours à Tunis dénommé Agence temporaire de relocalisation (ATR) et devant lui permettre de sécuriser ses opérations et son personnel en cas de crise majeure dans le pays hôte.

Après les événements du 19 septembre 2002, qui ont conforté la direction générale de la Banque dans ses choix, la question, cette année, était de savoir combien de temps allait durer la relocalisation temporaire à Tunis. La Côte d’Ivoire a bien évidemment tenté de peser sur la décision en envoyant deux délégations à Addis : l’une conduite par le Premier ministre Seydou Diarra, et l’autre par le ministre d’État chargé de l’Économie et des Finances Paul Antoine Bohoun Bouabré. En vain, car les jeux semblaient faits bien avant que ne se tiennent les débats du Comité consultatif des gouverneurs, l’instance chargée de prendre la décision, et qui l’a fait en moins de trois heures à la quasi-unanimité. En cause : les incertitudes qui existent toujours en Côte d’Ivoire et le peu de progrès enregistrés en matière de réconciliation nationale, comme l’a, du reste, confirmé le manque flagrant de cohésion… entre les deux délégations présentes à Addis.
La BAD restera donc à Tunis au moins deux ans – la présidentielle ivoirienne se tiendra en 2005… – et suivra chaque année l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire. Dès que la décision de regagner Abidjan sera prise, la BAD disposera d’une année de préavis pour organiser son retour dans les meilleures conditions. Autant dire que les cadres de la Banque ne risquent pas de revoir les bords de la lagune Ébrié avant 2006 (au mieux ?), au grand dam de certains d’entre eux.
Cette question réglée, les gouverneurs se sont attaqués à un ordre du jour très chargé. Ils ont éclusé un nombre impressionnant de dossiers et donné leur feu vert pour que la BAD dispose de moyens à la hauteur de ses ambitions continentales. « L’une de nos plus grandes satisfactions est que les pays africains jouent désormais pleinement leur rôle d’actionnaires, soulignait, à l’issue des travaux, le vice-président Chanel Boucher. Leur soutien et leur adhésion à notre stratégie sont la meilleure des reconnaissances du travail qui a été accompli ces dernières années à la BAD. »

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Il est vrai que, malgré la crise ivoirienne, la BAD a accordé, en 2002, plus de 2,7 milliards de dollars de prêts et dégagé un revenu net de 257 millions de dollars, soit 99 millions de plus qu’en 2001. Cette année, ses concours devraient dépasser la barre des 3 milliards de dollars. Grâce à son nouveau Plan stratégique (2003-2007), la Banque va concentrer ses efforts et sa force de frappe financière sur le développement de l’Afrique et orienter ses activités vers un double objectif : la croissance et la réduction de la pauvreté dans les pays africains. Dans le cadre du seul soutien au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), le président Omar Kabbaj a ainsi annoncé que « trente-neuf projets d’infrastructures ont été étudiés, dont quatre sont financés, cinq en passe de l’être, et que le montant cumulé de l’investissement concerné porte sur plus de 7 milliards de dollars ».

Au-delà des chiffres, la Banque va renforcer le soutien qu’elle apporte à ses actionnaires régionaux dans des domaines aussi divers que la formation, l’amélioration de la gouvernance, le renforcement des capacités institutionnelles et le rôle des femmes dans le développement. Elle va aussi profiter de son excellent rating (AAA) et de sa bonne image auprès des institutions financières internationales pour mobiliser encore plus de fonds en faveur du développement africain : en 2002, elle a ainsi pu drainer 3 milliards de dollars de ressources supplémentaires vers les économies du continent. Autant de questions qui seront discutées l’an prochain dans l’un des quatre pays (Maroc, Botswana, Sénégal et Ouganda) qui se sont portés candidats pour accueillir les assemblées annuelles.

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