Recherche techniciens supérieurs désespérément

Publié le 11 juin 2003 Lecture : 3 minutes.

Qu’est-ce qui fait courir les investisseurs étrangers en Tunisie ? Ces derniers citent, pêle-mêle, la stabilité politique du pays, la proximité des marchés européens et arabes, les incitations fiscales et financières consenties par l’État, la qualité des ressources humaines, les coûts salariaux compétitifs (le salaire moyen d’un ingénieur en informatique tunisien est six fois moins élevé que celui de son homologue français), l’infrastructure en nette amélioration, l’appui fourni par les organismes spécialisés, comme la Foreign Investment Promotion Agency (Fipa) et, cerise sur le gâteau, le cadre de vie agréable. Ce pays maghrébin de 10 millions d’âmes dispose en effet d’un littoral long de 1 300 km et d’une importante infrastructure hôtelière et accueille plus de 5 millions de visiteurs étrangers.

Les experts estiment néanmoins que les investissements directs étrangers (IDE) hors énergie réalisés au cours des dernières années en Tunisie sont en deçà du potentiel économique du pays. Les Tunisiens aiment justifier la décélération des flux des IDE vers leur pays par la montée en puissance des autres « terres de délocalisation » en Europe de l’Est et par la concurrence de certains pays asiatiques, qui pratiquent le dumping social (salaires trop bas, travail des enfants, etc.). Ce sont là deux causes importantes, mais il y en a d’autres.

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Selon une enquête réalisée par la Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce, près de la moitié des investisseurs allemands présents en Tunisie reprochent à l’administration locale sa trop grande rigidité. Et ils n’ont pas tort, car leurs homologues nationaux se plaignent, eux aussi, du même phénomène. Le « guichet unique » de l’Agence de promotion de l’industrie (API) assiste les sociétés dans les démarches de constitution (formalités juridiques, acquisition de terrains ou de locaux industriels, recrutement du personnel, etc.), mais la multitude des interlocuteurs rend ces démarches fastidieuses.

Autre difficulté évoquée par les investisseurs étrangers : le manque de personnel « de maîtrise ». Car si la main-d’oeuvre non qualifiée est disponible en grand nombre, il n’en est pas de même des cadres intermédiaires et des techniciens supérieurs. La multiplication des instituts supérieurs d’études technologiques (Iset) et des centres de formation professionnelle dans diverses spécialités (textile, mécanique, électronique, informatique, etc.) a permis de résoudre partiellement ce problème. Mais l’offre demeure inférieure à la demande. Pour combien de temps encore ?
Certains opérateurs posent aussi le problème de la faible productivité de la main-d’oeuvre locale et se plaignent de l’absentéisme des agents, qui devient un véritable fléau durant la saison estivale. Un patron européen, souvent tenu par des délais stricts de livraison, et un travailleur tunisien n’ont pas forcément la même conception du travail.

Tout en reconnaissant l’existence de ces problèmes, les responsables tunisiens aiment en relativiser l’impact et démontrent, chiffres à l’appui, que leur pays offre encore de bonnes opportunités d’investissement. À la fin de mars dernier, 2 564 entreprises à participation étrangère étaient implantées en Tunisie. Au cours de l’exercice écoulé, quatre entreprises sur cinq ont réalisé des bénéfices et plus de deux sur trois ont l’intention d’accroître leurs investissements au cours des trois prochaines années, malgré une conjoncture mondiale plutôt morose et la concurrence farouche que se livrent nombre de pays pour attirer les IDE. « Ce n’est pas si mal », diront les optimistes. « Mais on pourrait faire mieux », répliqueront les ambitieux.

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