Là où tout devient plus facile

La zone franche a déjà attiré une cinquantaine d’entreprises. Ses atouts : la qualité de ses infrastructures et sa position géographique.

Publié le 11 juin 2003 Lecture : 4 minutes.

Depuis Tunis, prenez l’autoroute vers le nord, franchissez le pont mobile, longez le port commercial, la gare ferroviaire et ses immenses silos. Vous voici arrivé devant les bureaux administratifs de la zone franche de Bizerte. Accolée aux quais du port commercial, traversée par une voie ferrée permettant de relier aussi bien Tunis, au Sud, que l’Algérie, à l’Ouest, la zone s’étend sur 30 hectares de terrain. Dotée de toutes les infrastructures nécessaires, elle dispose de 1 500 mètres de front de mer. La plupart des bâtiments abritent des unités industrielles, quelques- uns servent simplement d’entrepôts.
Le dispositif est complété par une seconde tranche de 21 hectares, située dans l’enceinte du complexe mécanique de Menzel-Bourguiba, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Bizerte. Plusieurs quais et quatre bassins de carénage confèrent à cette tranche une spécialisation dans la construction navale, la réparation et l’entretien des bateaux, mais aussi dans les travaux électriques et la mécanique lourde. La zone franche, dans son ensemble, a attiré 52 entreprises depuis sa création en 1996. Quarante-six d’entre elles sont déjà en production. « Les projets industriels, majoritaires [on en compte 33, contre 12 pour les services et 7 commerciaux], ont généré des investissements d’un montant de 93,5 millions de dinars tunisiens [63 millions d’euros], soit près de 3 millions de DT par projet », explique Kamel Belkahia, 58 ans, PDG de la Société de développement et d’exploitation du Parc d’activités économiques de Bizerte (SDEPAEB) et président de la Chambre de commerce et d’industrie du Nord-Est.
Quels sont les critères de sélection des projets ? Réponse de Belkahia : « La priorité est donnée aux projets dont l’investissement est élevé, créant le plus d’emplois, générant une valeur ajoutée locale et assurant un transfert technologique. Nous ciblons aussi les entreprises de renommée internationale afin qu’elles constituent une vitrine pour le Parc. » Se sont par exemple déjà implantés à Bizerte le consortium Wally (Tunisie-Italie-Monaco), numéro un européen des équipements de plaisance ; l’américain Evol, leader mondial de la chaussure de sécurité ; l’italien Riva Group, premier sidérurgiste européen ; ou l’américain Casco, premier groupe mondial des composants automobiles et accessoires électriques et électroniques… Les investisseurs italiens, français, américains, suisses ou néerlandais se sont parfois associés à des opérateurs locaux.
Pour développer les investissements directs étrangers (IDE), les autorités tunisiennes ont opté pour l’implantation offshore d’entreprises étrangères ou à participation étrangère travaillant à l’exportation et cherchant soit à se délocaliser, soit à créer un nouveau projet. Ce régime juridique particulier, institué par la loi d’avril 1972, se poursuit maintenant avec les zones franches. Deux ont vu le jour au milieu des années quatre-vingt-dix : Bizerte, au Nord, et Zarzis, au Sud. Les opérateurs étrangers ont tout autant été séduits par la position géographique des deux sites, leur cadre de vie agréable (ils sont situés à proximité de zones touristiques) et la qualité de leurs infrastructures que par les facilités fiscales et administratives accordées par l’État. Dans ces zones, les privés ont toute liberté d’investir, de réinvestir, d’embaucher selon leurs conditions, de transférer les bénéfices et, le cas échéant, de s’en aller. Autre avantage : les infrastructures (routes, ports, télécoms) y sont immédiatement disponibles et ils n’ont affaire qu’à un interlocuteur unique.
La liste des atouts offerts par Bizerte ne s’arrête pas là. La région du Nord-Est, qui compte 530 000 habitants (dont 125 000 dans la seule ville de Bizerte), présente l’avantage d’être un site industriel développé. On y retrouve une industrie lourde fondée sur le raffinage du pétrole, la sidérurgie et la production de ciment, mais aussi un tissu d’industries manufacturières diversifiées dont une partie est destinée à l’exportation. Les infrastructures de la zone franche (port de commerce, liaison autoroutière avec l’aéroport de Tunis-Carthage et voie ferrée) et sa position géographique – au coeur de la Méditerranée et sur les voies maritimes du détroit de Sicile – lui ouvrent tout naturellement des débouchés sur de nombreux marchés internationaux, que ce soit en Afrique, bien sûr, mais aussi en Europe et au Moyen-Orient.
En plus des activités industrielles classiques – mécanique, électrique, électronique, agroalimentaire, sidérurgie ou plasturgie -, le Parc de Bizerte s’est spécialisé dans la construction d’équipements pour la navigation de plaisance, comme les yachts de luxe, les bateaux à moteur, les catamarans, les kayaks, ainsi que le matériel nautique (mats en poly-carbone, hélices, voiles, accessoires de navigation, etc.).
Enfin, la ville de Bizerte est adossée aux régions agricoles les plus fertiles du pays : Béja, Jendouba et le Kef assurent 40 % de la production nationale des légumineuses, 33 % des raisins de table, 25 % du lait, 25 % des pommes de terre et 12 % des céréales. Ce qui motive la création future, au sein du Parc, d’une technopole agroalimentaire constituée d’une cellule de veille stratégique, d’un centre de formation et d’équipements « pilotes » pour les activités agroalimentaires telles que la chaîne du froid, les produits de la mer, les dérivés des céréales et des légumineuses et les plats cuisinés. Doivent aussi voir le jour un laboratoire d’analyse et de contrôle qualité, une pépinière d’entreprises, un parc d’activités et un atelier d’assistance technique. L’étude est déjà prête. Le projet devrait être opérationnel avant 2006. Comme quoi, l’appétit vient en mangeant…

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