Kako Nubukpo : « Il faut des politiques agricoles qui fixent le cap telle une boussole »

Nommé en mai à la tête du département agriculture, eau et environnement de l’Uemoa, l’économiste togolais veut impulser une nouvelle dynamique dans le secteur primaire. Il revient aussi sur les conditions du passage du franc CFA à l’éco.

Kako Nubukpo, économiste togolais, à Paris, le 26 novembre 2019. © Vincent Fournier/JA

Kako Nubukpo, économiste togolais, à Paris, le 26 novembre 2019. © Vincent Fournier/JA

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Publié le 1 novembre 2021 Lecture : 7 minutes.

Connu pour son combat anti-CFA, qu’il poursuit avec détermination, l’économiste et ancien ministre de la Prospective togolais Kako Nubukpo est aussi un spécialiste des filières agricoles. Auteur d’un ouvrage sur l’insécurité alimentaire et d’un autre traitant notamment de la filière coton, il a collaboré, d’octobre 2019 à juin 2020, en tant que chercheur, avec le Centre français de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Nommé commissaire de l’Uemoa en mai, il pilote désormais l’actualisation de la politique agricole de l’institution ouest-africaine adoptée en 2001, afin de prendre en compte la transition écologique et les besoins de la jeunesse. Pour Jeune Afrique, il livre son opinion sur les conditions du passage du franc CFA à l’eco et fait le bilan de santé du secteur primaire en Afrique de l’Ouest.

Jeune Afrique : Vous avez publié, fin août, un ouvrage collectif coédité avec la Fondation Jean- Jaurès intitulé : Demain la souveraineté monétaire ? Du FCFA à l’eco. L’Afrique de l’Ouest n’est-elle pas sur la bonne voie ?

Kako Kossivi Nubukpo: Ce titre sous forme d’interrogation rappelle qu’en l’état nos pays ne bénéficient pas d’une souveraineté monétaire, mais que nous poursuivons nos efforts pour y parvenir. Il jette également un regard prospectif sur les scénarios possibles. Il a été rédigé en amont des États généraux de l’eco, tenus à Lomé en mai 2021, qui ont permis de rédiger une feuille de route pour aboutir à l’adoption de cette nouvelle monnaie. Trois éléments me paraissent essentiels. Primo : la transformation structurelle des économies africaines. Quand vous avez une population qui double tous les 25 ans, la création d’emplois est primordiale.

Pour mettre tout cela en musique, il faut s’appuyer sur une monnaie commune et non une monnaie unique

Secondo : la création de l’eco doit reposer sur le principe de la solidarité impliquant la mise en commun des réserves de change et le recours à un fédéralisme budgétaire. Tertio : pour mettre tout cela en musique, il faut s’appuyer sur une monnaie commune et non une monnaie unique. On se rend compte qu’il subsiste énormément de divergences entre les économies ouest-africaines qui rendent irréaliste la mise en place à court terme d’une monnaie unique. En revanche, conformément à ce que l’Union européenne des paiements a fait entre 1950 et 1958, il faut mettre en place un référent commun, ici l’eco, défini sur la base d’un panier de devises, en l’occurrence quatre : euro, dollars, yuan, livre sterling. Cette monnaie pivot peut permettre la création d’un corridor dans lequel les monnaies actuelles pourraient flotter et converger. L’enjeu est désormais de faire un suivi rigoureux des avancées et c’est l’objet de la création des « Conversations monétaires de Lomé », qui se tiendront tous les deux ans.

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