La Commission de la discorde

Parité homme-femme et équilibre régional : deux critères qui devraient compliquer sérieusement l’élection des commissaires lors du sommet de Maputo, en juillet.

Publié le 11 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Sun City, le 24 mai, veille des festivités du quarantième anniversaire de l’organisation panafricaine. Mais les chefs de la diplomatie africains, réunis depuis le 21 mai en Conseil des ministres extraordinaire, n’ont pas le coeur à la fête. Il y a eu d’abord ce terrible séisme qui a frappé l’Algérie au premier jour des travaux. Et puis cette ambiance délétère liée à un ordre du jour largement consacré à l’établissement de la short list des candidats aux postes de commissaires de l’Union africaine (UA) pour le scrutin prévu lors du sommet de Maputo, début juillet.
Mais à l’issue du conclave de Sun City, les prédictions les plus pessimistes circulaient déjà sur le déroulement dudit sommet. Car l’élection de la Commission de l’UA, composée d’un président, d’un vice-président et de huit commissaires, a été rendue plus difficile par l’introduction de deux critères : parité parfaite entre les sexes et équilibre régional. Autrement dit, la Commission devra être composée de cinq femmes et autant d’hommes, et chacune des cinq sous-régions devra être représentée par deux membres. Si le président élu est originaire d’Afrique de l’Ouest, le seul poste qui reste à cette région devra être occupé par une femme. Cela exclut tous les candidats masculins de cette région. Cette contrainte a écarté de certains postes des prétendants brillants et compliqué l’établissement de la liste définitive des candidats. La présélection n’a pas été de tout repos. Quatre-vingt-cinq postulants ont envoyé leur curriculum vitae à Addis-Abeba, siège de l’UA.

Ces candidatures ont été soumises à un panel de dix ministres des Affaires étrangères (Afrique du Sud, Algérie, Burundi, Cap-Vert, Congo, Djibouti, Ghana, Libye, Maurice et Mozambique), assistés par des consultants payés au prix fort : 2 800 dollars pour les sept jours de travail, un per diem de 151 dollars et un billet d’avion aller-retour en classe affaires à partir de leur pays d’origine. Un système de notation, non précisé, a prévalu pour classer les candidats, avec l’introduction d’une note minimale : 60 (sur 100). Sur les 85 postulants, seuls 25 ont été retenus. Le président et le vice-président étant des hommes, il ne reste plus que trois commissariats susceptibles d’échoir à un homme. Il a donc fallu trancher. C’est ainsi que les portefeuilles Paix et Sécurité, Infrastructure et Énergie, Affaires économiques, seront réservés à des candidats, les cinq autres (Affaires politiques, Affaires sociales, Ressources humaines et Technologie, Commerce et Industrie, et Économie rurale et Agriculture) seront détenus par des femmes. La gymnastique opérée par le panel a déclenché l’ire des pays qui ont vu leurs candidats mieux notés, mais recalés pour des considérations régionales ou de genre. De nombreuses délégations promettent d’ores et déjà du grabuge à Maputo.
Cherif Ouazani

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