FMI : le jeu des chaises musicales

Publié le 10 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Le Brésil constitue un cas d’école. Voilà un pays dont la dette s’élève à 250 milliards de dollars (214 milliards d’euros) alors qu’il est plongé dans une profonde récession et dispose d’excédents commerciaux. Le traitement keynésien aurait été très clair : pour que le pays se développe, il aurait dû s’engager sur la voie du plein emploi, tout en s’efforçant de réduire ses excédents commerciaux, grâce à des financements adaptés à ses besoins et apportés par le système de réserves internationales. Au lieu de quoi, l’actuel Fonds monétaire international (FMI) met à sa disposition un « prêt » de 30 milliards de dollars, à la stricte condition que la demande intérieure continue d’être étouffée. Plus qu’un prêt, c’est un moyen de ménager les créanciers, le temps que se présentent de nouvelles occasions d’investir ailleurs.

Le Brésil n’a d’ailleurs eu droit à ce traitement que parce qu’il s’agit d’un grand pays affaibli de façon inquiétante par la charge de la dette, et qu’une gauche en plein essor y est perçue comme une menace potentielle. L’Argentine, où les divers courants politiques demeurent dans le flou, a obtenu beaucoup moins, alors que, tout au long des années quatre-vingt-dix, on la présentait comme un modèle de libéralisation économique, contrairement au Brésil. Dans ce jeu de chaises musicales, la Turquie connaît un sort similaire : un pays engagé de façon exemplaire sur la voie de la libéralisation croule sous le poids de la dette et n’est « aidé » que dans la mesure où il revêt une importance stratégique et accepte de coopérer dans la guerre contre l’Irak. Quant à la tragédie de la libéralisation financière en Russie, elle est par trop connue pour qu’il soit besoin d’y revenir ici.

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C’est triste, mais bien peu de pays en voie de développement ont réussi comme la Chine à tirer leur épingle du jeu en adoptant, comme elle l’a fait, des politiques mercantilistes et des stratégies de planification. Reste à savoir si la prospérité chinoise résistera aux règles auxquelles l’Organisation mondiale du commerce (OMC) veut la plier (et si la Chine tiendra d’ailleurs ses engagements). L’Inde, qui a maintenu les contrôles sur les taux de change et les capitaux, connaît une situation intermédiaire depuis le début des années quatre-vingt, avec une croissance lente, mais régulière.

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