« Forum des peuples » à la belle étoile

Publié le 10 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Loin du G8 d’Évian et des rives prospères du lac Léman, un « Sommet des pauvres » s’est tenu, du 31 mai au 3 juin, à Siby, village situé à 52 km de Bamako (Mali). Organisé pour la deuxième année consécutive, le « Forum des peuples » a réuni quelque cinq cents participants, soit deux fois plus que lors de la première édition (25-28 juin 2002), parmi lesquels nombre de paysans, d’universitaires et de responsables associatifs venus des pays de la sous-région, d’Europe et d’Haïti. Leur objectif : « faire entendre la voix des Africains ».
Annulation de la dette, dénonciation des privatisations sauvages, avenir du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad)… « autant de thèmes qui concernent en premier lieu les Subsahariens, mais qui sont toujours discutés exclusivement par les dirigeants des huit pays les plus riches », remarque Semba Tembely, secrétaire permanent de la branche malienne de Jubilé-2000, un collectif africain altermondialiste à l’origine de ce « Forum des peuples ».
Chaque matin, des acteurs ont mis en scène, par souci didactique, les questions à l’ordre du jour, relayés ensuite par des ateliers de réflexion au cours desquels chacun a pu s’exprimer, notamment grâce à la présence de traducteurs. Outre la suppression de la dette, « un combat à long terme pour une somme dont les Africains se sont déjà largement acquittés après les multiples dévaluations du franc CFA imposées par le Nord », le tissu agricole africain a été au coeur des débats. Maigres subventions, concurrence des marchés asiatiques impossible à contrer… « Comment se fait-il que du riz venant d’Indonésie coûte moins cher, en Europe, que le riz nigérien ? » s’interroge Tembely, pour qui seul « un financement plus important des paysans par leur propre gouvernement » permettrait de réduire la fracture économique.
Invités symboliquement dans une localité sans eau potable, ni électricité, ni infrastructures modernes, les conférenciers se sont débrouillés avec les moyens du bord. « Sur les 32 millions de F CFA nécessaires à la tenue du forum, nous n’en avons récolté que 6 millions, auprès notamment d’organismes privés canadiens, belges et britanniques, souligne Tembely. La solidarité a fait le reste. » Alors que certains se partageaient une dizaine de huttes, les autres dormaient à la belle étoile, comme une « partie de la délégation nigériane qui a refusé de loger à l’hôtel pour éviter des frais supplémentaires ».

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