Maroc-Algérie : appel de la raison

Réagissant à la rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat, plusieurs dizaines d’intellectuels, de militants, d’universitaires ou de simples citoyens des deux pays, mais aussi de Tunisie, lancent un appel au dialogue et à l’apaisement que « Jeune Afrique » a décidé de relayer.

Des étudiantes de iEARN Maroc brandissent leur drapeau aux côtés d’enseignantes de iEARN Algérie lors de la nuit de la culture, en juillet 2017. © iEARN-USA/FLickr/Licence CC

Des étudiantes de iEARN Maroc brandissent leur drapeau aux côtés d’enseignantes de iEARN Algérie lors de la nuit de la culture, en juillet 2017. © iEARN-USA/FLickr/Licence CC

Le 24 août 2021, l’Algérie avait annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc en raison d’« actions hostiles » du royaume chérifien. Une décision intervenue après plusieurs mois de tensions entre les deux pays. © FAROUK BATICHE/AFP
  • Collectif pour un « retour à la raison » entre le Maroc et l’Algérie
    Collectif d’intellectuel·le·s, militant·e·s de la société civile et citoyen·ne·s engagé·e·s créé à la suite de l’annonce, le 24 août, de la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc.

Publié le 7 septembre 2021 Lecture : 2 minutes.

Nous, soussigné·e·s, intellectuel·le·s, militant·e·s de la société civile et citoyen·ne·s engagé·e·s,

• exprimons notre grande inquiétude face à l’escalade actuelle dans les relations entre le Maroc et l’Algérie ;

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• refusons la situation actuelle qui voudrait aboutir à une confrontation contre-nature, confrontation qui ne peut être qu’un déni de l’histoire profonde de notre région et de son immanence, elle est donc antinomique avec les intérêts des deux peuples et de ceux de la région ;

• croyons que nos peuples se vouent mutuellement des sentiments de fraternité et qu’ils sauront dépasser ces moments de crispation en en limitant l’impact et en sauvegardant le potentiel d’un avenir commun prometteur par la mobilisation de leurs capacités créatrices ;

• appelons l’ensemble des personnes et des organisations de bonne volonté dans les deux pays, et au-delà du Maghreb, à agir pour qu’un terme soit rapidement mis à l’escalade et pour le retour à la raison ;

• partant du principe de sauvegarder l’intérêt de nos deux peuples, sommes convaincus que les véritables femmes et hommes d’État sont celles et ceux qui construisent le vivre-ensemble, la paix et la coopération et non celles et ceux qui s’inscrivent dans la course à la haine, à l’armement, aux escalades et aux appels à la guerre ;

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• comprenons que de nombreuses affaires litigieuses sont en suspens entre les deux États et affirmons que la résolution des problèmes entre personnes sensées résulte de l’écoute, de la recherche de l’entente, de la créativité dans l’élaboration des solutions et de leur mise en œuvre et non dans l’appel aux instincts basiques d’agressivité de populations chauffées à blanc les unes contre les autres ;

• attestons que les défis de développement qui se trouvent devant nos peuples sont énormes et qu’en venir à bout ne peut se concevoir sans un degré élevé de collaboration régionale. La fuite en avant dans la confrontation nous entraînera fatalement dans des situations encore pires que celles que nous vivons ;

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• regrettons que nos sociétés civiles n’aient pas toujours été à la hauteur des défis et affirmons que la situation actuelle ne leur laisse plus le choix de tergiverser, à moins de renier ce qui constitue leur raison d’être ;

• nous engageons à œuvrer collectivement, Algérien·ne·s, Marocain·e·s, Maghrébin·e·s et amis de nos peuples à contrer l’escalade, faire face aux appels à la confrontation et à la haine pour mieux consolider les piliers de la fraternité, de la coopération et contribuer à construire l’avenir.

Ce texte compte plus de 140 signataires, parmi lesquels : Ahmed Aassid (universitaire, Rabat), Moulay Ismail Alaoui (universitaire et ancien ministre, Rabat), Hassan Aourid (écrivain, Rabat), Zoubir Arous (universitaire, Alger) Sion Assidon (militant, Casablanca), Noureddine Ayouch (publicitaire, Casablanca), Souheir Belhassen (présidente d’honneur de la FIDH, Tunis), Bachir Ben Barka (universitaire, Belfort), Omar Benderra (économiste, Alger), Ali Bensaad (universitaire, Paris), Faouzia Charfi (universitaire et ancienne ministre, Tunis), Daho Djerba (historien, Alger), Abdelouahab Fersaoui (militant et président du RAJ, Alger) Khadija Mohsen Finan (universitaire, Paris), Faïza Ghozali (journaliste, Paris), Mohamed Hennad (universitaire), Hassan Hirèche (universitaire, Paris), Cembrero Ignacio (journaliste et écrivain, Madrid), Kamel Jendoubi (militant et ancien ministre, Calais), Abdellatif Laabi (poète, Paris-Rabat), Khadija Ryadi (ancienne président de l’AMDH, lauréate du prix de l’ONU pour les droits humains, Rabat), Saïd Saadi (médecin et dirigeant politique, Alger), Boualem Sansal (écrivain, Bouimerdès), Belal Youssef (universitaire, Casablanca), Amine Zaoui (écrivain, Alger)

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