Sami Outalbali, étoile montante du cinéma français

L’acteur d’origine marocaine a reçu le prix d’interprétation au festival d’Angoulême pour son rôle dans « Une Histoire d’amour et de désir » de la Tunisienne Leyla Bouzid. Il y campe un jeune homme timide et empêtré dans des sentiments contradictoires. Tout le contraire de la série internationale « Sex Education » dans laquelle il a débuté.

Le comédien Sami Outalbali avec la réalisatrice Leyla Bouzid au festival du film d’Angoulême. © JOHAN BONNET/AFP

Le comédien Sami Outalbali avec la réalisatrice Leyla Bouzid au festival du film d’Angoulême. © JOHAN BONNET/AFP

eva sauphie

Publié le 8 septembre 2021 Lecture : 3 minutes.

Accroché à son téléphone, Sami Outalbali déambule dans la cour d’un hôtel particulier parisien entre deux interviews. Les journalistes se bousculent au portillon pour interroger celui qui s’est vu remettre, à 22 ans, le prix d’interprétation au festival du film francophone d’Angoulême. Veste en toile orange vif mouchetée de dessins, pantalon assorti, bouclettes apparentes… L’allure du jeune acteur tranche avec celle du timide Ahmed, personnage qu’il campe dans le très beau film de Leyla Bouzid, Une Histoire d’amour et de désir (également récompensé du prix du meilleur film). Cet étudiant de 18 ans hypersensible entame sa première année de lettres à la Sorbonne. Il y fait la connaissance de Farah, une Tunisienne fraîchement débarquée à Paris, pour qui il ressent un désir qu’il contient malgré lui.

Révélé par la série Sex Education

« Sami n’est pas du tout réservé dans la vie, il est au contraire très extraverti, glisse la réalisatrice tunisienne qui a découvert l’acteur dans Fiertés de Philippe Faucon, une mini-série française sur l’homosexualité en France. Il s’agit vraiment d’un rôle de composition ». Et le jeune comédien de compléter : « J’ai tout mis à zéro, tout refermé pour aller chercher ce moment de justesse, notamment dans le corps. »

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Bûcheur, Sami Outalbali se dit heureux de sa récompense. Mais pour lui, le travail commence maintenant. Révélé en 2020 dans la saison 2 de la brillante série britannique Sex Education, dans laquelle il interprète un lycéen gay à l’aise avec sa sexualité, le vingtenaire est à l’image de sa génération. Les rôles LGBT+, racisés… ce gamin né d’un père marocain et d’une mère d’origine guadeloupéenne, n’en fait pas un sujet. « Il faut se concentrer sur les personnages et arrêter de voir du politique partout. C’est un manque d’imagination qui ne fait pas avancer le combat, estime-t-il. Dans Fiertés comme dans Sex Education, il est avant tout question d’histoires d’amour. »

C’était important de montrer ce type de profil, son milieu social et familial, à l’écran.

Pour autant, Sami Outalbali est bien conscient de défendre des récits encore trop peu visibles dans le paysage du cinéma français. Une Histoire d’amour et de désir suit le parcours d’un jeune homme qui vit sa première fois. Mais le film raconte aussi l’intimité d’un personnage masculin d’origine maghrébine qui grandit dans les cités et qui cherche sa place, perdu entre la culture arabe qu’il ne connaît pas et les codes de la vie parisienne qui ne lui appartiennent pas non plus. « Le film de Leyla est une histoire qui méritait d’être racontée, car il y avait un manque, reconnait-il. C’était important de montrer ce type de profil, son milieu social et familial, à l’écran. Et de le raconter de cette manière, avec plein de poésie », observe cette jeune pousse du cinéma français qui a lui-même grandi à la périphérie de Paris.

Un rôle de policier antiterroriste

Grâce à Ahmed, qui s’émancipe en lisant les textes érotiques arabes du XIIe siècle, Sami Outalbali a aussi découvert une partie de sa propre culture. « Je ne connaissais pas ce pan de la littérature arabe, admet-il. Je me suis rendu compte de l’avant-gardisme de la civilisation arabe. Le film m’a aussi amené à relire des textes fondamentaux comme Les Croisades vues par les arabes d’Amin Maalouf, que l’on survole au lycée, regrette-il. La complexité de cette histoire est hallucinante. Elle m’a aidé à en savoir plus sur mes origines », constate celui qui ne voyage plus sans Léon l’Africain et Le Jardin des lumières de l’écrivain franco-libanais ou encore Le Prophète de Khalil Gibran. Sans aucun doute, le film de Leyla Bouzid a déclenché la carrière de celui qui sera à l’affiche de Novembre de Cédric Jimenez courant 2022. Un film sur les attentats du 13 novembre 2015 en France dans lequel Sami Outalbali interprète l’un des policiers de l’équipe antiterroriste aux côtés d’une beau panel d’acteurs français comme Jean Dujardin et Anaïs Demoustier.

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