Compte à rebours

La date limite pour la signature d’un accord de paix entre le gouvernement fédéral et les rebelles sudistes a été fixée au 30 juin.

Publié le 10 juin 2003 Lecture : 3 minutes.

Le 2 avril, à Nairobi, le président Omar Hassan el-Béchir et John Garang, le chef de la rébellion sudiste, avaient fixé au 30 juin la date limite pour la conclusion d’un accord de paix censé mettre un terme à la guerre civile qui déchire le Soudan depuis près de vingt ans. L’échéance sera-t-elle respectée ? Le général Lazaro Sumbeiywo, le médiateur kényan qui préside les négociations, se montre prudent.
Depuis la signature de l’accord-cadre de Machakos, en juillet 2002, des progrès avaient été réalisés lors de chaque rencontre. Hélas ! lors du cinquième round des pourparlers, à Nairobi (7-21 mai), les deux parties ont campé sur leurs positions. Qu’est-ce qui s’oppose encore à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale chargé de rédiger une nouvelle Constitution et de préparer la tenue d’élections et d’un référendum d’autodétermination des populations du Sud, dans un délai de six ans ? Les discussions achoppent sur quatre points essentiels : le commandement des forces armées, le partage du pouvoir politique, celui des ressources pétrolières et le futur statut de Khartoum, la capitale.
Sur le premier point, le gouvernement souhaite la fusion, sous un commandement unique, des troupes régulières et des forces rebelles. Le Mouvement populaire pour la libération du Soudan (MPLS) s’y oppose catégoriquement : il est favorable à la mise en place d’une nouvelle hiérarchie de l’armée régulière et à la redéfinition de l’implantation de cette dernière dans les (anciennes) zones de combat.
Sur le deuxième, Khartoum s’est rallié à l’idée d’un partage « équitable » (c’est-à-dire : au prorata du poids démographique des uns et des autres) des postes gouvernementaux, parlementaires et administratifs. Dans ce scénario, les Nordistes obtiendraient la présidence et les Sudistes la vice-présidence de la République. Dans un premier temps, le MPLS avait exigé la création d’une présidence tournante (trois ans pour un Nordiste, trois ans pour un Sudiste). Selon des sources américaines, il y aurait finalement renoncé, mais il veut obtenir la garantie que le futur vice-président disposera de pouvoirs réels. Il exige 50 % des postes au sein de l’appareil d’État, à tous les niveaux.
Troisième point litigieux : le partage des ressources. Le gouvernement propose que l’État verse au Sud 10 % des revenus pétroliers (avant budgétisation). Les rebelles en veulent 60 %. Enfin, le MPLS exige que Khartoum soit proclamé « capitale laïque », alors que le gouvernement entend maintenir le statu quo. En revanche, il ne remet en cause ni le respect de la liberté religieuse, ni la non-application de la charia (loi islamique) aux non-musulmans. Ces deux derniers points ont déjà fait l’objet d’un accord.
Le général Sumbeiywo, c’est un atout important, est activement soutenu par les États-Unis. Le 21 mai, Mustapha Osman Ismail, le ministre soudanais des Affaires étrangères, a été pour la première fois reçu à Washington. Le secrétaire d’État Colin Powell lui a fait miroiter une possible levée des sanctions économiques en échange de la signature de l’accord de paix. Reçu à son tour, une semaine plus tard, Garang aurait été obtenu des assurances quant aux quatre points en suspens.
Auparavant, le chef rebelle avait rencontré, au Caire (23-24 mai), les chefs des deux formations d’opposition nordistes : Mohamed el-Mirghani, du Parti démocratique unioniste, qui vit en exil dans la capitale égyptienne, et Sadok el-Mahdi, du parti Ummah. L’un et l’autre ont été écartés des négociations en cours, mais Garang s’est assuré de leur soutien au processus de Machakos. Sans leur adhésion, ce dernier aurait en effet peu de chances d’aboutir.

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