Comment le roi de Bahreïn s’est incrusté

Publié le 10 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Autour de George W. Bush, l’auguste invité de Charm el-Cheikh, il y avait le maître de cérémonie égyptien, le président Hosni Moubarak, l’ami saoudien, le prince héritier Abdallah Ibn Abdelaziz, l’agent jordanien, le roi Abdallah II, et le… roi de Bahreïn, Hamed Al Khalifa. À quel titre ? Les Américains n’ont-ils pas dans le monde arabe d’alliés plus importants, tels les Al Thani du Qatar, plus sûrs, les Al Sabbah, dynastie régnante au Koweït ? L’explication de la présence du petit monarque à Charm el-Cheikh tient à son statut de président en exercice de la Ligue arabe. C’est en effet lui qui devait accueillir, à Manama, en mars 2003, le sommet arabe consacré à la question irakienne. Cependant, compte tenu de l’importance de l’ordre du jour, Moubarak avait insisté pour que les travaux se déroulent chez lui. « Soit, avait dit le souverain de Bahreïn, mais c’est moi qui dirigerai les travaux. » C’est ainsi que le monarque est devenu président en exercice de la Ligue arabe.
Bush et Moubarak tenaient à faire de la rencontre de Charm el-Cheikh un « Sommet arabo-américain ». Hamed Al Khalifa était donc là pour représenter les dix-huit États arabes absents, lesquels, bien entendu, n’ont pas été consultés par la puissance invitante : l’Égypte. Dans ces conditions, pourquoi ne pas avoir convié Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue, plus représentatif que le roi de Bahreïn ? Cela n’arrangeait pas trop les affaires de l’administration américaine. L’ancien chef de la diplomatie égyptienne n’est plus en odeur de sainteté à Washington et, circonstances aggravantes, Amr Moussa a, depuis son séjour à Bagdad et sa rencontre avec Saddam Hussein, quelques jours avant le déclenchement des frappes américaines, un lourd contentieux avec les Al Sabbah, cités plus haut parmi les fidèles d’entre les fidèles.
La présence de Hamed Al Khalifa pallie l’absence d’Amr Moussa et oblige la Ligue à faire le télégraphiste et à transmettre aux capitales arabes les instructions de Washington : accepter la feuille de route, redoubler d’ardeur dans la lutte antiterroriste et soutenir Mahmoud Abbas.

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