Colonies et « avant-postes »

Publié le 10 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Dans l’entreprise de colonisation juive des Territoires occupés, le système dit des « avant-postes » (outposts) est une invention d’Ariel Sharon, dont la technique est bien rodée. On plante un drapeau israélien à quelque distance d’une colonie déjà existante, on appelle ça une nouvelle colonie, on y installe une caravane ou autre « maison mobile », puis on s’emploie à contrôler le terrain qui sépare l’implantation mère de sa fille, en vue de l’annexer. Nadav Shragal, dans le quotidien Ha’aretz, observe que cette méthode tranche radicalement avec les objectifs initiaux du mouvement des colons. Il s’agissait alors d’accroître le plus possible le nombre des occupants. Avec les avant-postes, où n’habitent généralement qu’un très petit nombre de Juifs, il s’agit de s’emparer du plus de terres possible – souvent de terres domaniales – en vue de créer une contiguïté territoriale entre les colonies et le long des routes principales.
Selon Shalom Archav (« la Paix maintenant »), la majorité des avant-postes, soit 49, a été créée depuis que Sharon est devenu Premier ministre en mars 2001. Environ la moitié est installée à un kilomètre de leur implantation mère, 21 sont situés à deux kilomètres, 13 entre deux et trois kilomètres, 4 entre trois et quatre kilomètres, 3 à cinq kilomètres et 2 à près de six kilomètres. Trente-trois autres avant-postes avaient été antérieurement établis sous le gouvernement de Benyamin Netanyahou et 22 sous celui d’Ehoud Barak.
En tout, 50 avant-postes figurent à l’extérieur et 61 à l’intérieur des frontières municipales de la colonie mère. Quinze d’entre eux ne disposent d’aucun bâtiment, même préfabriqué, 37 en ont jusqu’à cinq, 24 de cinq à dix, 14 de dix à vingt, 13 de vingt à trente et 4 de trente à quarante.
La plupart pourraient aisément être évacués par l’armée. Mais, lors des rares tentatives faites en ce sens sans grande conviction, les organisations de colons rameutent, pour s’y opposer, ceux qu’on a baptisés les « jeunes des collines » (hilltop youths), ce qui suffit souvent à dissuader l’« adversaire ». Quand il arrive que quelques caravanes soient emmenées, elles ne tardent pas à réapparaître quelques jours plus tard. Sharon se résoudra- t-il à se séparer de ces pseudo- colonies qui sont, après tout, ses enfants ?

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