Bravo à la Cemac

Publié le 12 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

L’Union africaine est l’organisation continentale qui regroupe les 53 États du continent. Elle a succédé, en juillet 2002, à l’OUA et semble avoir hérité de ses défauts, dont, en particulier, l’incapacité d’agir en temps opportun et avec discernement.
Pendant plus de trois décennies de son existence, l’OUA a reconnu, dans l’heure, le résultat de chacun des nombreux coups d’État qui ont ponctué l’histoire récente du continent et accueilli en son sein, sans états d’âme, leurs auteurs, consacrés présidents de plein exercice.
À la fin de son existence, les temps ayant changé, elle a embrassé, sans débat ni réflexion, la doctrine opposée : pas de reconnaissance pour qui renverse un président « démocratiquement élu ». Et l’a appliquée aux Comores, puis à la Côte d’Ivoire, avant de la transmettre à l’Union africaine. Cette dernière l’a utilisée pour ostraciser le président malgache Marc Ravalomanana qui a évincé, en 2002, le très usé Didier Ratsiraka.
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Une organisation régionale africaine, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), réunie en Sommet à Libreville les 2 et 3 juin, vient, elle, à très bon escient, de briser ce mauvais tabou : elle a reconnu le régime du général Bozizé, pourtant issu, le 15 mars dernier, d’un coup d’État (voir p. 17).
Ce faisant, la Cemac aide la Centrafrique à retrouver sa place dans le concert des nations, à se reconstruire avec l’aide des bailleurs de fonds internationaux.
La doctrine selon laquelle « un président démocratiquement élu » ne doit être renversé en aucun cas n’est pas intangible. Elle peut souffrir des exceptions, particulièrement en Afrique, où les présidents démocratiquement élus, au sens pur et vrai du terme, se comptent sur les doigts d’une seule main.
Les responsables de l’Union africaine devraient se souvenir que le légal peut, par ses fautes, cesser d’être légitime ; et qu’à l’inverse l’illégal peut fort bien se légitimer par ses actes.
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Cela dit, cherchons ensemble la réponse à cette question : dans un continent où l’alternance démocratique n’est pas encore entrée dans les moeurs, où les présidents parviennent à se maintenir au pouvoir vingt ou, même, trente ans, comment un peuple qui s’est trompé en élisant un mauvais dirigeant peut-il réparer son erreur ?

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