Bozizé adoubé par ses pairs

Deux mois et demi après avoir renversé Ange-Félix Patassé, l’impétueux général a définitivement été admis au sein du club des chefs d’État de la sous-région.

Publié le 11 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

En troquant son treillis contre un costume civil, François Bozizé a remporté une manche décisive. Le sommet des pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), qui s’est tenu le 3 juin à Libreville, s’est achevé par la reconnaissance officielle du nouveau régime centrafricain. Deux mois et demi après avoir renversé Ange-Félix Patassé, l’impétueux général est donc définitivement admis par ses pairs au sein du club des chefs d’État de la sous-région. En attendant mieux.
Si cette reconnaissance faisait figure de formalité pour le Tchad, le Congo et le Gabon, elle était moins évidente pour le Cameroun et, surtout, la Guinée équatoriale. En effet, dès la mi-mars, Malabo avait marqué sa réprobation en retirant ses soldats déployés à Bangui dans le cadre de la Cemac pour assurer la protection… de Patassé. Afin de lever toute ambiguïté, François Bozizé a mis à profit les dernières semaines pour envoyer son ministre des Affaires étrangères, Karim Meckassoua, en tournée d’explication auprès de ses homologues de la sous-région. Le diplomate a été reçu successivement par Teodoro Obiang Nguema, le 8 mai à Malabo, et par Paul Biya, le 9 à Yaoundé. Finalement, ces deux pays ont décidé de prendre part à la reconstruction de la RCA, la Guinée équatoriale en mettant la main à la poche, et le Cameroun en collaborant à la restructuration de l’armée centrafricaine. Quant à la Cemac dans son ensemble, elle a décidé d’octroyer une aide ponctuelle de 5 milliards de F CFA (7,6 millions d’euros) en faveur de Bangui, tout en maintenant sa force de paix déployée en décembre 2002, afin « d’accompagner le processus de transition pour la réconciliation nationale ».

De son côté, le président Bozizé a précisé le calendrier de la transition. Il souhaite procéder à un dialogue national et à un référendum constitutionnel en 2004, puis à l’élection présidentielle au troisième trimestre de 2004 et à des élections municipales et législatives avant la fin de cette même année. Cette « feuille de route » prévoit le retour à la normalité institutionnelle en janvier 2005.

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Ce planning a donc reçu l’onction des chefs d’État présents à Libreville, mais aussi celle de la France par la voix du ministre délégué à la Coopération, Pierre-André Wiltzer, qui a jugé que le délai de la transition proposé par Bangui n’était « pas déraisonnable ».
Bangui compte donc sur la Cemac et sur la France pour plaider sa cause auprès de la communauté internationale. Première étape, le 12 juin à Bruxelles : des responsables centrafricains s’entretiendront avec une équipe de la Commission européenne. Cette consultation est censée déterminer la position de l’Union européenne quant à la reconnaissance du régime banguissois. Deuxième étape, le 10 juillet, à Maputo : les chefs d’État de la Cemac devront alors convaincre l’ensemble des membres de l’Union africaine de ne pas exclure le nouvel homme fort de Bangui. Jusqu’ici, l’organisation continentale avait adopté pour règle de condamner les régimes installés par la force. Le Malgache Marc Ravalomanana en fit les frais l’an dernier. Reste à savoir si François Bozizé sera frappé d’ostracisme à son tour. « Tout ce que nous demandons, c’est un peu de compréhension », conclut Karim Meckassoua.

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