Al-Jazira et ses concurrentes

Publié le 10 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Al-Jazira n’est plus seule. Depuis quelques mois, elle doit rivaliser avec de nouvelles chaînes satellitaires, bien décidées à s’enraciner dans le paysage audiovisuel arabe.
Si les responsables d’Abu Dhabi TV (basée aux Émirats arabes unis) reconnaissent que « l’information est la locomotive de la chaîne », ils rejettent en bloc la comparaison avec Al-Jazira. ADTV se veut avant tout une chaîne généraliste et mise sur la programmation de divertissements très populaires dans la région, notamment un jeu où le gagnant remporte son poids en or.

Pourtant, avec le déclenchement du conflit en Irak, le budget annuel alloué aux programmes de ADTV, soit près de 30 millions de dollars, a été englouti en un mois et demi par l’information. « On peut devenir une chaîne d’infos en continu quand l’actualité l’exige », explique Morad Chebine, rédacteur en chef et présentateur du magazine d’information phare El-Madar. Une émission encore « consacrée à 80 % à la population irakienne », et à la reconstruction du pays. La chaîne du groupe Emirate Media Inc., créée et financée presque exclusivement par l’actuel ministre émirati de l’Information, cheikh Abdallah ben Zayed al-Nahyan, compte encore aujourd’hui une centaine d’employés en Irak, dont douze reporters déployés sur tout le territoire.
Mais à terme, la véritable rivale d’Al-Jazira semble plutôt venir du royaume d’Arabie saoudite – qui empêche par ailleurs l’accréditation des journalistes de la chaîne qatarie. Basée à Dubaï (EAU), al-Arabia est apparue le 13 février dernier. Si le présentateur de son journal télévisé arbore une tenue traditionnelle, sa collègue en revanche ne porte pas de voile. Bien avant le déclenchement des hostilités, la rédaction s’était mise en état d’alerte. Son credo : un ton plus mesuré et une information « plus équilibrée », selon la chaîne qui ne veut pas être accusée de vouloir alimenter le ressentiment envers l’Occident et les Américains en particulier. Ses investisseurs sont majoritairement saoudiens, mais aussi libanais.

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Téhéran n’a pas voulu rester en marge de cette frénésie médiatique. Le 24 février dernier, al-Alam (« le monde » en arabe) est lancée. Le gouvernement a déboursé sans compter pour s’adresser aux Irakiens chiites – sa cible privilégiée – en franchissant la barrière de la langue. Branche de la radio-télévision nationale (Irib), al-Alam a commencé à émettre 24 heures sur 24 dès le premier jour de guerre. Une quinzaine de ses journalistes sont encore présents dans les principales villes irakiennes.
Autre preuve de cette évolution du secteur, le lancement en juin de CNBC Arabiya à Dubaï, détenue et gérée par Middle East Business News et spécialisée dans l’information économique et financière.
Au Qatar, on affirme ne pas craindre cette concurrence. « Ces chaînes ont beaucoup à prouver avant d’acquérir une vraie popularité », rétorque Jihad Ali Balout, porte-parole d’Al-Jazira. Pourtant, elles ont déjà ravi une partie de ses téléspectateurs attirés, dans un premier temps, par la nouveauté.
S’il est difficile de donner les audiences exactes de chacune de ces chaînes, les experts estiment qu’au moins 100 millions de personnes ont accès aux réseaux satellites.

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