Vous avez dit numéro trois ?

Publié le 9 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

« Une victoire cruciale dans la guerre contre le terrorisme. » C’est en ces termes que le président américain George Bush a qualifié l’arrestation, le 3 mai, d’Abou Faraj el-Libi (« le Libyen ») par les services de sécurité pakistanais dans la zone tribale du Waziristan, située à cheval entre l’Afghanistan et le Pakistan. Les autorités d’Islamabad avaient du mal à cacher leur satisfaction. Cheikh Rachid Ahmed, ministre de l’Information, a même osé un « nous avons décapité al-Qaïda. » Il est vrai que le coup est rude, mais tout de même…

Abou Faraj, alias docteur Taoufik, ne faisait pas partie des grosses pointures d’al-Qaïda recherchées par le FBI. Seul Libyen à faire partie de la black list : Anas el-Sebaï, dont la tête a été mise à prix par le FBI à 5 millions de dollars. Abou Faraj n’a jamais intéressé les Américains. Comme tant de volontaires arabes pour la guerre d’Afghanistan, il a été recruté, au milieu des années 1980, en Grande-Bretagne, où il était réfugié politique. Cet universitaire, né en 1964 à Tripoli, s’est illustré par son absolue fidélité à Oussama Ben Laden, qu’il suivra dans son exil soudanais entre 1993 et 1996. Entré dans la clandestinité après les attentats du 11 Septembre, il a été, tour à tour, annoncé captif en Iran ou réfugié en Syrie. Les démentis de Téhéran et de Damas n’avaient pas réussi à convaincre Washington. Apparemment, il n’a jamais quitté la région de Peshawar, au nord-ouest du Pakistan. C’est lui qui aurait succédé au Koweïtien Cheikh Khaled Mohamed, arrêté à Rawalpindi, en mars 2003. Ce dernier était alors chef des opérations d’al-Qaïda depuis la mort de l’Égyptien Mohamed Atef, tué à Kaboul, en novembre 2001, lors d’un bombardement de l’armée américaine. Abou Faraj el-Libi est-il réellement le numéro trois de l’organisation terroriste ? Rien n’est moins sûr, mais il constitue une grosse prise pour la police pakistanaise : il est le principal commanditaire des deux tentatives d’assassinat dont a été victime, en décembre 2003, le président Pervez Musharraf, objet d’une fatwa d’Aymen al-Zawahiri, bras droit de Ben Laden.
Les circonstances de l’arrestation d’Abou Faraj et de cinq de ses compagnons demeurent obscures, mais sa médiatisation, « trop précoce » selon les enquêteurs pakistanais, diminue les chances de localisation des autres fugitifs d’al-Qaïda. La longue et infructueuse traque de Ben Laden et de Zawahiri a sans doute provoqué une atomisation de la haute hiérarchie et l’introduction de mesures de prudence dans les communications entre les dirigeants de l’organisation.

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Rien ne dit qu’Abou Faraj dispose de renseignements fiables permettant l’arrestation des deux hommes les plus recherchés de la planète. Certains experts européens contestent l’importance de la prise pakistanaise. Ils estiment qu’Abou Faraj n’a jamais fait partie du club fermé des hommes de confiance de Ben Laden et doutent que son arrestation conduise à la cache du chef d’al-Qaïda.

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