RDC : quelle chicotte pour quelle sextape ?
Après la découverte de vidéos pornographiques réalisées par des mineurs, le débat a glissé vers la sanction à appliquer. Une exclusion de tout le système scolaire ? Les ministres peinent à s’accorder.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 9 septembre 2021 Lecture : 2 minutes.
Dans tous les pays de ce monde 2.0, l’avènement du numérique a favorisé l’ingestion de la pornographie par les franges adolescentes de la population, tout autant que la tentation d’une production érotique amateur. Et ils sont de plus en plus jeunes à s’y intéresser, les majeurs maîtrisant moins les pare-feu que les mineurs les techniques de contournement. Que des élèves de la 5e année littéraire de l’école Saint-Georges de la commune de Kintambo, à Kinshasa, aient été filmés en pleins ébats sexuels, dans un chantier et en uniformes scolaires, ne suscite guère l’étonnement…
Une indignation quelque peu miséricordieuse envers les enfants pornographes
Le fait divers de ce début de semaine provoque tout de même un débat dans le débat, celui portant sur les mesures préventives et dissuasives. En matière de sanctions à appliquer au cas congolais du moment, les observateurs ont vu double : deux théories, deux systèmes éducatifs, deux ministres…
Affaire virale
L’émotion passée, l’affaire devient virale lorsque le ministre des Droits humains descend dans l’arène médiatique, embouchant la trompette d’une indignation quelque peu miséricordieuse envers les enfants pornographes. Mardi, alors que le comité de discipline de l’école Saint-Georges vient d’affirmer que, « sur instruction du ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique, les élèves inciviques et immoraux » se voient « interdits d’être inscrits dans les écoles sur toute l’étendue du territoire national », Albert-Fabrice Puela fustige des violations de « la Convention internationale relative aux droits des enfants de 1989, ratifiée par la RDC, la Constitution de la République et la loi portant protection de l’enfant ».
Il évoque d’abord des dirigeants scolaires « irresponsables » qui citent nommément les enfants incriminés « sous l’impulsion d’une émotion indigne de leurs âges ». Il regrette ensuite que ces enfants doivent non seulement rendre l’uniforme de leur établissement, mais aussi être « privés de leur droit à l’accès à l’éducation, […] l’un des droits fondamentaux de tout enfant ».
Quid, alors, de « l’intérêt supérieur de l’enfant » ? Y a-t-il eu précipitation dans le coup de chicotte ? Précipitation dans son annonce ? Ou précipitation dans la réaction de l’un de ces ministres des Droits humains qui, en Afrique, ont souvent du mal à exister ?
Rétropédalage
Le lendemain, côte à côte, les ministres de l’Enseignement et des Droits humains tentent de nuancer sans donner l’impression de rétropédaler. Le titulaire du maroquin de l’Éducation, Tony Mwaba, précise que les élèves fautifs sont exclus du réseau catholique, mais pas du système éducatif.
Et le politicien de transmettre le relais à son collègue chapeauté pour la prise en charge « psycho-socio-judiciaire » des pornographes en herbe en vue de les réinsérer. Volonté d’apaisement confirmée par un Albert-Fabrice Puela qui ne manque pourtant pas de dramatiser, en affirmant que « personne n’acceptera d’avoir ces enfants comme voisins »…
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