Hommage à Amobé Mévégué, voyage de l’enfant du monde au-delà du monde
Le monde de la télé est en deuil. Ce mercredi 8 septembre 2021, nous avons appris le décès de Amobé Mévègué. Ce journaliste a travaillé sur RFI, TV5Monde, CFI et plusieurs médias internationaux, où il a animé divers programmes culturels.
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« Nkul Beti » Baltazar Atangana Noah
Écrivain et critique littéraire
Publié le 12 septembre 2021 Lecture : 3 minutes.
Son départ laisse au cœur de nos vies une entaille tellement profonde et difficile à panser. Il nous fait pousser un cri strident, descriptif et caractéristique du don sans mesure qu’il aura été pour chacun de nous. Asante pour tout !
Enfant des pays qui font le monde, te voilà. Désormais loin, mais toujours souriant, sur les traces de la voie sans retour, horizon de la vie milele. Nous sommes sans gueule. Ça jazz, ça jazz à la soul makossa, à la ambiance africa, no woman, no cry, à la Zouk la sé médikamen nou ni de partout.
Sans Brutalisme, que dorme sur toi la terre de nos ancêtres. À nos actes manqués, et à ceux qui sortent dans la nuit, nous conterons ton élégance, ta simplicité sans main basse du vagabond qui passe sous une ombrelle trouée. Amobé… Tu le diras à ma mère ! Voyez comme on danse.
Essani, essani… Battements de djembés. Les jours viennent et passent, l’enfant du monde Amobé a enfin maîtrisé la science des sorciers de Koba. Taciturne, vif et avenant… il est désormais du côté de chez Swann où tout est froid et vrai.
Attiser les flammes
Communicateur remarquable à la voix cristalline, avant-gardiste hors pair, homme intense, maître des révélations de talents inattendus, Amobé Mévègué a su écrire en gras sur notre temps. De prufundis, Requiem… Une fête en larmes !
L’enfant du monde… Amobé savait attiser les flammes. Il a attisé la mienne, dès l’enfance à travers ses divers programmes. L’apothéose, c’était lors de mon premier séjour en France dans le cadre d’une bourse de recherche formation. C’était la première fois que je le rencontrais. C’était un soir. Dans un restaurant parisien. Son nom m’échappe. Je me souviens tout de même que c’était un coin sympa, discret et calme. À l’image de celui qui m’avait donné l’adresse de cet endroit.
Notre Amobé était ouvert et disponible pour tous
C’était un soir, lorsque tous les travailleurs ne rêvent que de rentrer chez eux. J’étais arrivé trente minutes avant l’heure de notre rendez-vous. J’étais hésitant, anxieux et enthousiaste à la fois, puisque c’était la première fois que je rencontrais Amobé. Il est arrivé, quinze minutes avant l’heure du rendez-vous : « un Camerounais à l’heure », m’a-t-il lancé ironiquement, sans méchanceté. Nous avons rigolé. Nous avons discuté pendant plus d’une heure.
C’était comme si je l’avais déjà rencontré auparavant. Il m’a expliqué sa vision du monde. Comment il rêvait et voyait la vie. Nous avons parlé de mes projets, et de mon désir de créer une agence littéraire au Cameroun. Il m’a encouragé. Nous nous sommes quittés ce soir en nous promettant de nous revoir. Hélas.
Nos cultures arc-en-ciel
En mars 2021, lorsque j’ai lancé les activités de mon agence littéraire Kalara agency, avec la romancière Caroline Meva et la poétesse Chantale Ayi comme premières auteures affiliées à l’agence, je lui ai écrit un mail. Il m’a une fois de plus félicité et encouragé. Et ce, surtout pour l’originalité du nom du projet « Kalara », qui signifie livre en langue beti.
Amobé Mévègué a vécu toute sa vie au service de nos causes et de nos cultures arc-en-ciel. Comme un don à cette terre des hommes, motivé par l’espérance que l’avenir du monde est dans le dialogue interculturel et l’ouverture, l’enfant du monde a tout donné. Nous espérons que le monde saura te célébrer à la mesure de ton engagement et de tes bons sentiments à son égard.
Amobé Mévègué est cette source auprès de laquelle de nombreuses générations ont pu se désaltérer. De près ou de loin, chacun était satisfait. Amobé ! Notre Amobé était ouvert et disponible pour tous. Nous nous souviendrons à jamais de toi, enfant du monde.
Bibala moa pām – Adieu jeune homme. À la plus secrète mémoire des hommes, nous dirons qu’au plaisir de Dieu, sa vie, son œuvre, ta vie est un roman atemporel.
Merci pour tout !
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