Fardeau nigérian

Polémique autour de l’allègement de la dette d’Abuja.

Publié le 10 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Compte tenu de la flambée de l’or noir, ce n’est certainement pas le meilleur moment pour un pays exportateur de pétrole de solliciter la clémence de ses créditeurs. Pourtant, les représentants du Nigeria, sixième producteur mondial de brut, ont des arguments à faire valoir. « Il est inadmissible que nous ayons remboursé 6,7 milliards de dollars sur les deux dernières années et que notre dette se soit alourdie de 7,4 milliards sans que nous ayons contracté de nouvel emprunt », explique Farouk Lawan, président de la commission des finances à la Chambre des députés nigériane. Le parlementaire est à l’origine d’une résolution, en mars, demandant au gouvernement d’Olusegun Obasanjo de décréter un moratoire. Il a affirmé que les députés pourraient déclencher une crise parlementaire en refusant de voter les fonds alloués pour le remboursement de la dette, estimée à 33 milliards de dollars.
En mission à Londres, le 25 avril, une délégation de parlementaires du pays a demandé le soutien des Britanniques pour trouver une solution. Le Royaume-Uni préside actuellement le groupe des huit États les plus industrialisés (G8) et milite pour une annulation pure et simple de la dette des pays pauvres africains auprès de la Banque mondiale. La position du Nigeria divise les bailleurs de fonds. Si tout le monde reconnaît que la dette continue d’augmenter malgré les remboursements, plusieurs États rechignent à alléger le fardeau du pays. Ils pointent du doigt la corruption et la mauvaise gouvernance, même si les autorités se sont engagées à en finir avec certaines pratiques. Et ne manquent pas de souligner les énormes retombées pétrolières, le prix du baril tournant autour de 50 dollars. Enfin, ils rappellent que les créanciers publics – la dette nigériane est essentiellement due aux membres du Club de Paris – ne peuvent théoriquement procéder à un allègement qu’en faveur des pays qui ont signé un accord avec le Fonds monétaire international, ce qui n’est pas le cas d’Abuja. Un argument malvenu pour beaucoup d’autres qui soulignent la « jurisprudence irakienne », Bagdad ayant vu son fardeau considérablement réduit sous l’amicale pression de Washington.

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