Ernest Paramanga Yonli

Premier ministre du Burkina Faso

Publié le 9 mai 2005 Lecture : 3 minutes.

Le geste calme et le verbe clair, Ernest Paramanga Yonli, Premier ministre du Burkina Faso, n’est pas homme à se laisser surprendre. Nommé en novembre 2000, en pleine crise sociale et politique à la suite de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, il possède sur le bout des doigts l’art de répondre à toutes les questions, de trouver des terrains d’entente, de composer avec l’adversité, voire avec l’adversaire. Ce sont, entre autres, ses qualités de fin politique qui l’ont fait choisir par le président Blaise Compaoré, au moment où il devenait indispensable de composer avec l’ensemble des forces sociales burkinabè pour former un gouvernement d’ouverture.
Intéressé par la « chose politique » depuis son adolescence, cet homme de 49 ans – il est né en 1956 à Tansarga, dans la province de la Tapoa (est du pays) – a l’expérience du consensus. Il fait des études supérieures en économie et développement au Burkina, au Togo, puis en France, et fait partie de l’Union générale des étudiants voltaïques – puis burkinabè -, une branche de la Fédération des étudiants africains noirs de France (Féanf), alors moribonde. Trois ans après la révolution de 1983 conduite par Thomas Sankara, il rentre au pays et milite dans plusieurs groupuscules qui vont se rassembler, en 1989, dans l’Organisation pour la démocratie et le progrès-Mouvement du travail (ODP-MT). En 1996, l’ODP-MT élargit son champ politique par fusion avec d’autres partis et se transforme en Congrès pour la démocratie et le progrès. Ernest Paramanga Yonli, membre du comité central, devient secrétaire général. Il s’agrégera encore cinq autres petits partis, toujours dans la mouvance présidentielle.

Mais il ne suffit pas d’avoir des talents de rassembleur pour faire un bon Premier ministre : les résultats économiques ont leur importance. Or l’année 2004 s’est soldée par un indice de croissance de 6,5. Faut-il s’étonner d’un tel succès ? À ses connaissances universitaires, Ernest Paramanga Yonli joint une expérience gouvernementale : il a été directeur de cabinet du Premier ministre Kadré Désiré Ouédraogo (1996-1998), puis ministre de l’Économie et des finances, poste qu’il a cumulé avec celui de Premier ministre jusqu’en juin 2002. Apaisement social, confiance rétablie entre les acteurs de la scène politique burkinabè, « affaire Zongo » remise aux mains de la justice avec des moyens accrus pour la mener à son terme, élections « réussies » en 2002… à ces bons indicateurs s’ajoute ce que Paramanga Yonli considère comme l’un de ses chantiers les plus réussis : l’éducation. « Le Burkina se trouvait en fin de liste en matière de développement, explique-t-il, à cause de notre gros déficit dans les domaines de l’éducation et de la santé. Aujourd’hui, notre taux d’alphabétisation, qui se situait entre 43 % et 44 % en 2000, est monté à 57 %. »

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Enfin, la Haute Autorité de lutte contre la corruption, mécanisme institutionnel créé en 2003, a remis au Premier ministre son deuxième rapport. Celui-ci répertorie ses formes, son ampleur, ses acteurs, et comment l’État pourra en venir à bout. « Nous avons mis en place une politique pour lutter contre ce fléau, nous allons prendre les décisions qui s’imposent », commente Yonli.
Tout n’est cependant pas parfait au pays des Hommes intègres. « La réforme de l’État qu’a souhaitée le président du Faso va trop lentement. L’administration, qui devrait ne s’occuper que des tâches dévolues à l’État, est encore omniprésente. Les fonctionnaires sont réticents à abandonner certains pouvoirs que nous voulons voir transférer aux élus locaux », explique le Premier ministre. L’enjeu est d’importance, puisque des élections municipales sont prévues en février 2006. « Nous voulons opérer une décentralisation intégrale, faire désormais gérer tout le territoire burkinabè par les communes. »
Mais avant cela, il y aura un premier baromètre de satisfaction populaire pour sanctionner le gouvernement en place : celui de l’élection présidentielle de novembre 2005. Avec des listes électorales entièrement informatisées – et même consultables sur Internet -, le Premier ministre est satisfait. « Les institutions de la République, notamment la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), informent, étape par étape, les partis politiques du détail du processus. Nos élections doivent être claires et transparentes. Nous ne pouvons pas faire moins. » Et il ne doute pas des chances de « son » candidat, le président Blaise Compaoré.

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