Chtcharansky persiste et signe (sa démission)

Hostile à l’évacuation de Gaza, le maître à penser de Bush claque la porte du gouvernement.

Publié le 9 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Il y en a qui la jouent courte avant de prendre la porte : « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ! » disait naguère Jean-Pierre Chevènement, le ministre français de la Défense, en désaccord avec la participations de son pays à la guerre du Golfe (1991). D’autres se montrent plus circonstanciés, tel Nathan Chtcharansky, le ministre israélien de la Diaspora et de Jérusalem, qui, le 2 mai, a remis à Ariel Sharon une longue lettre expliquant les raisons de son opposition au plan de retrait de la bande de Gaza, à l’origine de sa décision de quitter le gouvernement.
Ce n’est pas la première fois que l’ancien dissident de l’ère soviétique, exfiltré en 1986 des geôles russes, renonce à un poste ministériel : en juillet 2000, il avait déjà quitté le cabinet d’Ehoud Barak pour protester contre la « mollesse » des négociateurs israéliens sur Jérusalem. Pour autant, il ne perd pas une occasion d’entonner le refrain qui lui tient lieu de marque de fabrique : « Toute concession dans le processus de paix doit être liée à des réformes démocratiques dans la société palestinienne. »
Chtcharansky aime tant les Palestiniens qu’il veut à toute force les aider à prendre « le bon chemin », fût-ce contre leur gré. Il refuse donc de les abandonner à leur sort en évacuant les Territoires occupés : « Notre départ de Gaza encouragera-t-il la construction d’une société où la liberté d’expression sera protégée, où les droits individuels seront défendus par des tribunaux indépendants et où un marché libre permettra aux Palestiniens d’édifier une vie économique hors du contrôle gouvernemental ? » À l’évidence, non. Pas question, dans ces conditions, de priver les habitants de la région du Goush Katif de la présence bénéfique des colons israéliens dans lesquels ce défenseur des droits de l’homme voit le meilleur garant des « capacités démocratiques » soutenues par la « puissance de la liberté » !
Et de joindre le geste à la parole : compte tenu de ce que « le plan de désengagement en est à ses premières étapes de réalisation et que toutes les institutions gouvernementales sont exclusivement centrées sur son déroulement, je pense que je ne peux plus servir loyalement dans un gouvernement dont la seule raison d’être est devenue l’une de celles auxquelles je suis résolument opposé ». CQFD. Si la démission de l’ancien protecteur autoproclamé des émigrés russes en Israël renforce les « rebelles » du Likoud hostiles aux évacuations des colonies, elle n’a pas de quoi ébranler le pouvoir d’Ariel Sharon. Mais elle laissera perplexe le président américain George W. Bush, qui, tout en ayant entériné le plan de retrait israélien de la bande de Gaza, ne cesse de manifester une admiration enthousiaste pour les idées que Chtcharansky a exprimées dans un ouvrage récent (La Cause de la démocratie). « C’est un plan qu’il a été forcé d’accepter parce qu’il lui a été présenté par Sharon », explique l’auteur, soucieux de ménager une sortie honorable à son élève de la Maison Blanche.

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