RDC – Chine : contrats miniers contre infrastructures, des annonces… à la réalité
Kinshasa entend remettre à plat sa collaboration avec Pékin, au vu du peu de chantiers lancés dans le cadre de l’accord signé en 2008, qui prévoyait pourtant la construction de bâtiments publics et de routes d’une valeur totale de 9 milliards de dollars.
BTP : bataille de position dans un secteur en recomposition
Alors que l’expansion tous azimuts des grands groupes chinois en Afrique semble marquer le pas, les sociétés occidentales se positionnent de plus en plus sur les projets de haute technicité ou sur le florissant marché de la construction durable. Immersion, de Tripoli à Dar es-Salaam, en passant par Dakar et Kinshasa, dans les grands chantiers continentaux des géants du BTP.
Treize ans après la signature de l’accord de coopération entre Kinshasa et Pékin, « le déficit d’infrastructures de la RDC constitue encore et toujours une entrave à son développement ». Tel est le constat, dressé le 10 septembre 2021 par le chef de l’État. Le président Félix Tshisekedi a réclamé à ses ministres chargés des mines et infrastructures l’état des lieux de l’exécution technique et financière des projets de construction – dans le cadre de l’accord signé sous la mandature de son prédécesseur.
En 2008, Joseph Kabila avait négocié avec la Chine le troc du cuivre et du cobalt congolais – notamment extraits par la compagnie sino-congolaise Sicomines au Katanga – contre la construction d’infrastructures pour un montant de 9 milliards de dollars, renégocié en 2009 à 6 milliards sous pression du Fonds monétaire international. Deux entreprises chinoises, Sinohydro et CREC (China Railway Engineering corporation) devaient réaliser ces travaux d’infrastructures.
Aucune université moderne n’a vu le jour ; pas un seul hôpital n’a été érigé
Promesses non tenues
Étaient prévus plus de 3 500 km de routes, autant de kilomètres de chemins de fer, des infrastructures de voiries à Kinshasa, 31 hôpitaux de 150 lits et 145 centres de santé. Pas moins de 2 000 logements sociaux dans la capitale, 3 000 en province, ainsi que deux universités modernes devaient être également bâtis.
Or, selon une note technique de l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT), que JA a pu consulter, les projets réalisés par les groupes chinois sont très loin de satisfaire aux engagements.
Un petit dixième de l’enveloppe initialement prévue aurait été versé
« Étant donné le retard enregistré dans la mise en œuvre du projet minier (destiné au remboursement des travaux d’infrastructures par l’exploitation minière de cuivre et cobalt), l’enveloppe globale du programme sino-congolais a été réduite actuellement à 1,05 milliard de dollars », précise ce document.
Remettre en selle la collaboration
Contrairement à ce qui avait été promis, aucune université moderne n’a vu le jour ; pas un seul hôpital n’a été érigé. Seulement 356 km de routes bitumées et 854 km en terre auraient été achevés. Plusieurs stades et bâtiments sont toujours en cours de réhabilitation, mais les chantiers ne sont pas terminés, notamment ceux de Bukavu, Goma, Bunia et Kalemie.
Pékin n’a pas réagi officiellement aux récentes sorties du chef de l’État
Selon l’ACGT, le montant total des projets achevés et en cours d’exécution s’élèverait actuellement à près de 900 millions de dollars, soit dix fois moins qu’annoncé en 2008.
Soutenu par les Américains, Félix Tshisekedi s’est engagé à revisiter tous les contrats passés sous son prédécesseur Joseph Kabila, dont ceux signés avec les Chinois. Si Pékin n’a pas réagi officiellement aux récentes sorties du chef de l’État congolais à l’encontre des groupes chinois, ses diplomates s’activent actuellement pour reprendre langue avec les autorités et remettre en selle la collaboration.
Zhu Jing, l’ambassadeur de Chine à Kinshasa, a notamment rencontré la ministre des Mines Antoinette N’Samba Kalambayi ainsi que le président du Sénat Modeste Bahati Lukwebo.
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BTP : bataille de position dans un secteur en recomposition
Alors que l’expansion tous azimuts des grands groupes chinois en Afrique semble marquer le pas, les sociétés occidentales se positionnent de plus en plus sur les projets de haute technicité ou sur le florissant marché de la construction durable. Immersion, de Tripoli à Dar es-Salaam, en passant par Dakar et Kinshasa, dans les grands chantiers continentaux des géants du BTP.
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