Guinée : quand Mamadi Doumbouya critiquait l’« attitude hautaine » des militaires français

En novembre 2017, l’homme qui allait renverser Alpha Condé presque quatre ans plus tard avait égratigné les instructeurs et coopérants militaires étrangers lors d’un colloque à Paris.

Des partisans du chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya, devant le Palais du peuple, à Conakry, le 11 septembre 2021. © JOHN WESSELS/AFP

Des partisans du chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya, devant le Palais du peuple, à Conakry, le 11 septembre 2021. © JOHN WESSELS/AFP

Publié le 13 septembre 2021 Lecture : 4 minutes.

C’était lors d’un colloque organisé le 23 novembre 2017 à Paris par l’état-major spécialisé pour l’outre-mer et l’étranger (EMSOME) dont le thème était « la prise en compte de l’interculturalité dans les actions militaires ». Celui qui était à l’époque le commandant Mamadi Doumbouya, stagiaire guinéen de l’École de guerre, avait été invité à livrer son témoignage devant un parterre d’universitaires et de généraux. L’intervention de cet ancien sous-officier de la Légion étrangère, que nous reproduisons ici dans son intégralité, dénotait une évidente frustration, tant vis-à-vis des instructeurs et coopérants militaires étrangers que de ses propres supérieurs au sein d’une armée guinéenne qu’il avait récemment rejointe. Verbatim.

« Les camarades européens ou américains sont accueillis avec une grande fraternité d’arme, mais leur connaissance de l’Afrique nous semble soit trop théorique, fondée uniquement sur des ouvrages, soit réduite aux représentations télévisuelles bien souvent éloignées de la réalité. Ils nous posent des questions sur les effectifs ou les équipements de nos armées qui nous paraissent souvent suspectes : sachant que ces informations sont disponibles sur internet, nous les supposons volontiers chargés d’une mission de renseignement.

J’ai demandé des munitions pour entraîner mes troupes au tir, mais ne les ai jamais reçues parce que mes dirigeants craignent que je m’en serve pour provoquer un coup d’État

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