Afrique-France : « Accompagner de nouveaux acteurs pour réussir la sortie de crise »
Focus sur les jeunes entrepreneurs, soutien à des secteurs sous le radar comme l’industrie culturelle : le patron de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, détaille les changements amorcés par le dernier sommet de Montpellier sur les relations entre Paris et le continent.
Mettre la coopération France-Afrique au service de la relance des économies du continent. C’est l’un des enjeux de la redéfinition des relations entre Paris et le continent, promise par le président français, Emmanuel Macron, en 2017.
Le récent sommet Afrique-France de Montpellier, qui s’est tenu le 8 octobre, a joué un rôle clé dans ce processus. Une évolution mise en œuvre l’Agence française de développement (AFD), qui a consacré plus de 4 milliards d’euros au continent en 2020 sur un budget total de 12,1 milliards. Trois questions à son directeur général, Rémy Rioux.
Jeune Afrique : Que représente le sommet du 8 octobre dans l’évolution des relations entre le continent et la France ?
Rémy Rioux : Je pense qu’il s’inscrit dans une « séquence africaine » qui a commencé par la saison Africa 2020, le sommet sur le financement des économies africaines du 18 mai, à Paris. Si vous ajoutez à cela les 80 ans de l’AFD, le 2 décembre, le rapport Stora sur l’Algérie, le rapport Duclert sur le Rwanda, on parle beaucoup d’Afrique en France en ce moment sous l’impulsion du président Macron, et je m’en réjouis.
Nous nous tournons vers la jeunesse en intervenant dans l’éducation, la formation professionnelle, le sport…
Le mouvement a été lancé par le discours de Ouagadougou, à la fin de 2017. Et le président a souhaité aller plus loin avec les personnes invitées à Montpellier – des jeunes, des entrepreneurs, des sportifs, des chercheurs. Le choix d’Achille Mbembe, un historien africain libre et renommé, pour mener un dialogue en amont et échanger avec le président lors du sommet est un gage de sérieux et de qualité.
Et quel est le rôle de l’AFD dans cette évolution ?
Nous mettons en œuvre les engagements pris à Ouagadougou. Nous finançons en particulier les entrepreneurs en Afrique avec le programme Choose Africa, qui a déjà permis d’accompagner plus de 16 000 entreprises, avec une enveloppe de 3,5 milliards d’euros entre 2018 et 2022. Nous visons les start-up, les TPE et les PME, et nous cherchons à les aider à toutes les étapes de leur parcours avec notre filiale Proparco.
L’AFD se tourne vers la jeunesse africaine en intervenant aussi dans les domaines de l’éducation, de la formation professionnelle mais aussi, de plus en plus, du sport et des industries culturelles et créatives, qui sont des domaines à fort potentiel. La culture ne représente encore que 1 % du PIB du continent, contre 4 % en Europe.
Visez-vous des secteurs d’activité en priorité ?
Nous répondons surtout à une demande. Avec une attention particulière pour tout ce qui se passe dans la tech et pour toutes les entreprises œuvrant pour l’emploi, l’inclusion sociale et la protection de l’environnement. Le groupe AFD travaille déjà pour plus de 50 % de son activité avec les acteurs publics et privés autres que les gouvernements. C’est essentiel, y compris d’un point de vue démocratique. Après trente ans de croissance continue en Afrique, il faut accompagner de nouveaux acteurs pour réussir la sortie de la crise liée au Covid-19.
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