Croissance : « L’Afrique sera une économie de 29 000 milliards de dollars d’ici à 2050-2060 »

Selon l’économiste Charles Robertson, une faible croissance démographique entraîne une hausse de la croissance économique. 

Vue d’ensemble d’un bidonville, en périphérie de Casablanca. © AP SIPA/Abdeljalil  Bounhar

Vue d’ensemble d’un bidonville, en périphérie de Casablanca. © AP SIPA/Abdeljalil Bounhar

David Whitehouse © The Africa Report

Publié le 15 septembre 2021 Lecture : 3 minutes.

« L’Afrique du Nord, qui est bien approvisionnée en électricité, est la première région susceptible de s’industrialiser, le Maroc et l’Égypte en tête », a déclaré Charles Robertson, économiste en chef chez Renaissance Capital à Jeune Afrique/The Africa Report

Cependant, l’économiste conteste l’idée reçue selon laquelle le fait d’avoir de la main-d’œuvre jeune est une bonne chose. Selon lui, le plus important, c’est le nombre d’enfants que ces jeunes vont avoir.

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Réduction du taux de fécondité et croissance économique, une intime corrélation

En effet, lorsqu’une famille a cinq enfants, la totalité des revenus de la famille est utilisée pour répondre aux besoins immédiats. Ainsi, cela rend impossible la création d’une grande réserve d’épargne, ce qui signifie que les banques sont incapables de financer à bon marché le secteur privé ou le gouvernement.

En 2040, le PIB africain sera supérieur au PIB combiné des États-Unis et de la zone euro en 2012

« La croissance économique rapide de l’Asie dans la seconde moitié du XXe siècle a été rendue possible par la taille réduite des familles », souligne Charles Robertson. En effet, avec des familles de moins de trois personnes, le rapport entre les dépôts bancaires et le PIB décolle.

Aujourd’hui, dit-il, le Maroc compte déjà des familles suffisamment petites pour favoriser la croissance économique. Les taux de fécondité de l’Égypte, l’Éthiopie, du Ghana et du Kenya pourraient, quant à eux, passer sous la barre des trois enfants d’ici à cinq à quinze ans, ce qui réduirait le coût des emprunts.

« D’ici aux années 2040, la majeure partie du continent aura connu un changement démographique suffisant pour être compatible avec une croissance plus élevée du PIB par habitant », selon une étude réalisée par Charles Robertson en septembre.

Les DTS du FMI pourraient contribuer à la numérisation et à la transition énergétique

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« Nous pensons que l’Afrique sera une économie de 29 000 milliards de dollars d’ici à 2050-2060, soit plus que le PIB combiné des États-Unis et de la zone euro en 2012 », poursuit l’économiste.

Déficit d’infrastructures

Néanmoins, le défi consiste à combler le déficit d’infrastructures sur le continent et à veiller à ce que les pays où la taille des familles est élevée ne restent pas dans une pauvreté extrême pendant des décennies, jusqu’à ce que les changements démographiques nécessaires aient lieu.

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Les entreprises ont besoin d’infrastructures de base pour pouvoir fonctionner, et des revenus par tête de 2 500 à 3 000 dollars sont indispensables pour que le secteur privé puisse aider les pays à atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire, précise l’économiste.

La décision relative aux DTS a changé la teneur du débat sur la dette africaine

Pour Charles Robertson, les droits de tirages spéciaux (DTS) du FMI pourraient contribuer à financer des infrastructures, à la numérisation et au passage à des sources d’énergie renouvelables.

Les DTS, remède miracle à la crise ?

En août dernier, le FMI a décidé de mettre à disposition environ 650 millions de dollars en droits de tirages spéciaux. L’économiste britannique considère cette allocation comme une réponse « très tardive » à la crise du Covid-19, prenant à peu près autant de temps que la réponse à la grande crise financière commencée en 2008 – l’allocation avait eu lieu en 2009.

Les emprunteurs subsahariens semblent désormais plus sûrs

Sur les 650 millions de dollars, 34 seront mis à la disposition de l’Afrique au cours du premier cycle, et 65 millions pourraient suivre ultérieurement.

La décision relative aux DTS a « changé la teneur du débat sur la dette africaine », qui s’est éloigné des préoccupations relatives à l’endroit pourrait survenir le prochain défaut de paiement, et a « mis fin à la plupart des préoccupations relatives à une crise de la dette en Afrique », affirme l’économiste. « Les emprunteurs subsahariens semblent désormais plus sûrs dans une perspective à douze mois ».

Ainsi, « l’évolution démographique est le facteur qui change la donne pour les perspectives de croissance en Afrique », conclut Charles Robertson.

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