Hanté par Alger la blanche
Établi à Paris, l’architecte algérien Imaad Rahmouni décore des lieux « branchés » de Tokyo à Milan. Et croule sous les projets.
Maison Blanche, La Suite, Pink Paradise… quel est le point commun entre tous ces hauts lieux vénérés des noctambules parisiens et argentés ? Outre qu’ils se trouvent dans le triangle d’Or (avenue George-V, avenue Montaigne, rue de Ponthieu), tous ont été conçus par un jeune designer, Imaad Rahmouni, né il y a trente-six ans à Alger. Mais ne vous attendez pas à croiser sa silhouette d’éternel adolescent parmi la faune qui fraye dans ces temples de la nuit. « D’abord, parce que j’ai beaucoup d’enfants », explique-t-il avant de préciser qu’il est le père de quatre garçons. « La Maison Blanche est le seul que je fréquente, parce que c’est le premier lieu que j’ai créé en fondant mon agence. C’est un peu comme un premier amour », poursuit Rahmouni, qui, en fin gourmet, nourrit une passion pour la cuisine des frères Pourcel (trois étoiles au Guide Michelin) qui officient aux fourneaux de ce restaurant.
On l’imagine tout orgueilleux d’avoir signé le design de ces adresses chic fréquentées par la jet-set internationale, mais on se trompe. « Tout cela est éphémère. J’aurais été plus fier de réaliser des logements sociaux, avoue-t-il. J’ai honte de le dire, mais les espaces que je dessine coûtent plus de 6 000 euros le mètre carré, alors que d’aucuns se battent pour avoir 100 euros de plus. »
Doublement diplômé, d’abord en 1990 de l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger, et en 1995 de l’École d’architecture Paris-Belleville (absence d’équivalence oblige !), c’est chez Philippe Starck, la star internationale du design, que Rahmouni a fait ses premières armes, dès 1996. Mais, en 1999, il décide de voler de ses propres ailes, quitte à gagner beaucoup moins d’argent que chez son ancien employeur. Dans un passage du fin fond du 11e arrondissement, il monte une agence qui porte son nom. S’il se fait connaître surtout en concevant des lieux branchés à Paris, Tokyo ou Milan, il dessine également des bâtiments, des chaises, des bateaux et… des crayons. Il songe même à lancer une ligne de vêtements masculins. En attendant, mille et un projets sont déjà en cours aux quatre coins de la planète : un hôtel à Barcelone, un caravansérail à Marrakech, un bar à Londres et même un aménagement au sommet de l’hôtel Dusit Thani, à Bangkok. Mais rien à Alger, dont le graphisme raide et la couleur blanche n’ont pourtant jamais cessé de l’inspirer. Sa ville natale, qu’il a dû quitter « parce qu’on ne voulait pas de lui là-bas », ne cesse de hanter ses travaux.
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